Sans maïs soufflé, il n'y aurait peut-être plus de cinémas au Québec. C'est Daniel Séguin, vice-président à l'exploitation pour l'est du Canada de Cineplex Divertissement, qui l'affirme. «On ne peut pas nécessairement survivre simplement avec la vente de billets», a-t-il dit à La Presse.

Les recettes de billetterie vont «à 52% et plus» aux distributeurs de films, a précisé M. Séguin. Il en reste peu pour les propriétaires de cinéma, qui se rabattent sur les revenus des comptoirs alimentaires. «Ça nous permet de faire des rénovations, d'agrandir, d'ouvrir de nouvelles salles de cinéma, a-t-il fait valoir. Sans cette possibilité, on ne pourrait pas croître. Ça mettrait aussi en péril certaines salles de cinéma.»

Avantage pour les cinéphiles: les ventes de nourriture «donnent la possibilité de garder les prix de billets d'entrée dans une salle de cinéma le plus bas possible», a indiqué M. Séguin. Quand le StarCité a ouvert près du Stade olympique, il y a 10 ans, y voir un film coûtait 13$. Aujourd'hui? À peine 10$. Le prix du maïs soufflé a grimpé, «mais les gens qui viennent chez nous ont le choix d'en acheter ou pas», a fait valoir M. Séguin.

S.V.P., ne pas tout consommer

Pourquoi vendre de si grandes portions dans les cinémas? «On offre beaucoup de combos à partager, a répondu le vice-président. On essaie aussi de faire des portions pour s'assurer que la population puisse en ramener à la maison. On ne demande pas que ce soit consommé à 100% dans nos salles.»

Mais pourquoi ne pas offrir un plus petit format? «C'est sûr qu'il y a des études de marché qui sont faites, a répondu M. Séguin. Il y a des réévaluations constantes des formats chaque année. Encore en 2012, il y a des possibilités qu'on puisse regarder de nouveau les formats. Il y a déjà eu des formats beaucoup plus grands dans les salles de cinéma. On a été sensiblement de bons citoyens, pour s'assurer qu'on offre quelque chose qui n'est pas trop gros non plus.»

Bientôt au cinéma: des sandwichs roulés?

Sachant que 56% des Québécois souffrent d'embonpoint ou d'obésité, Cineplex ne sent-il pas la responsabilité d'agir davantage? «La première chose qu'il faut prendre en considération, c'est que la population vient chez nous en moyenne quatre fois par année, a précisé M. Séguin. Ce n'est pas une alimentation habituelle.» Cineplex a aussi conçu sa propre huile à maïs soufflé, «moins calorique et plus faible en gras, comparativement aux autres huiles utilisées par d'autres exploitants», a-t-il plaidé.

L'entreprise est en train de revoir l'offre de ses comptoirs Prise 1, qui offrent frites, hamburgers et pizzas. «On regarde la possibilité de vendre des wraps, des choses un peu plus santé» a indiqué M. Séguin. Cineplex est le plus important exploitant de salles de cinéma du Québec, avec au-delà de 260 écrans.

Vincent Guzzo, des Cinémas Guzzo, n'a pas répondu aux demandes d'entrevue de La Presse.