En moins d'un mois, 16 patients sont morts après avoir contracté la bactérie C. difficile dans trois hôpitaux de la région de Niagara, en Ontario. Aujourd'hui, une manifestation aura lieu devant le Greater Niagara General Hospital pour dénoncer la piètre gestion de l'établissement. Pendant ce temps, au Québec, le taux d'infections nosocomiales est stable, révèlent les plus récentes statistiques du ministère de la Santé.

L'éclosion meurtrière de C. difficile a commencé à la fin du mois de mai en Ontario. Depuis, 4 personnes sont mortes à l'hôpital du Grand Niagara, 10 à l'hôpital général de St. Catharines et 2 à l'hôpital de Welland. Toutes avaient contracté le C. difficile, mais plusieurs souffraient également d'autres problèmes de santé importants.

Selon la Dre Joanna Hope, chef intérimaire de l'agence de santé de la région du Grand Niagara, 66 cas de C. difficile ont été signalés depuis le 28 mai. L'éclosion officielle a été annoncée le 23 juin.

La dernière victime est morte lundi à l'hôpital St. Catharines. Dans un communiqué, l'agence de santé du Grand Niagara affirme que tout est fait pour juguler l'épidémie. Les heures de visites ont été limitées; on demande aux visiteurs de se laver les mains et de ne pas circuler d'une chambre à l'autre.

La bactérie C. difficile cause des diarrhées importantes. Il s'agit de l'une des infections les plus répandues dans les hôpitaux et les centres de soins de longue durée.

Le porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) en Ontario, Marc Lafrance, explique que le problème des infections nosocomiales est encore bien présent en Ontario. «On fait actuellement une tournée dans toute la province pour montrer à la population que désinfecter une chambre, ça ne prend pas 20 minutes, mais plutôt 45 minutes, voire une heure», dit-il.

Selon lui, de récentes coupes dans le réseau de la santé ont fait chuter le nombre d'heures consacrées au nettoyage des chambres, ce qui nuit à la lutte contre les infections nosocomiales. «Des hôpitaux confient aussi en sous-traitance le nettoyage des chambres, et les sous-traitants prennent moins de temps que ce qu'ils devraient pour laver. Il y a jusqu'à 5000 cas d'infections nosocomiales chaque année en Ontario, ce qui cause de 300 à 400 morts. Il faut faire quelque chose!»

Le SCFP croit qu'il faudrait nettoyer en profondeur les hôpitaux ontariens, affecter plus de ressources au nettoyage et au contrôle des infections et diminuer le taux d'occupation des établissements.

Pendant ce temps, au Québec, le ministère de la Santé ne signale aucune éclosion anormale de C. difficile. En 2008, on signalait 6 cas pour 10 000 patients dans les hôpitaux du Québec. En juin dernier, ce taux était de 9 pour 10 000, une situation que la porte-parole du ministère de la Santé, Nathalie Lévesque, qualifie de «sous contrôle».