Tous les hôpitaux de la province ont jusqu'à mars 2012 pour mener une révolution dans leurs cuisines. Il faut éliminer la friture, les plats trop gras, sucrés et salés. Offrir du poisson, des légumineuses et une variété de fruits et légumes. Même les machines distributrices et les casse-croûte sont touchés par ces règles imposées par Québec.

Ce n'est pas facile. Seuls «80% des établissements du réseau ont adopté une politique alimentaire ou sont en voie de le faire», a dit à La Presse Nathalie Lévesque, porte-parole du ministère de la Santé et des services sociaux. Le hic: la date limite était mars... 2010. «Un délai a été accordé, en raison de la pandémie de grippe AH1N1», a expliqué Mme Lévesque.

Reste à savoir combien mettront en oeuvre ces politiques alimentaires dans le délai prévu (mars 2012). Le pepperoni a disparu des pizzas de l'hôpital de Gatineau, la friteuse de l'hôpital Pierre-Boucher de Longueuil a pris sa retraite et les boissons gazeuses quitteront bientôt l'hôpital de Verdun, ont rapporté les journaux locaux.

Le cadre de référence de Québec, Miser sur une alimentation: une question de qualité, est plus ambitieux encore. En plus d'offrir «des repas et des collations de haute valeur nutritive», les hôpitaux doivent minimiser les impacts des repas sur l'environnement, en favorisant l'achat local et la vaisselle lavable.

Faire trois repas avec six dollars par jour

Denise Ouellet, professeure en nutrition à l'Université Laval et chercheuse au Centre d'excellence sur le vieillissement, juge le plan gouvernemental intéressant. «L'objectif d'éliminer la malbouffe est louable, a-t-elle dit. Mais je déplore qu'il n'y ait pas d'obligation de rencontrer les besoins nutritionnels de tous les patients.»

«C'est bien de servir des repas équilibrés, mais ça ne doit jamais se substituer au plan de soin nutritionnel, a poursuivi Anne Gagné, nouvelle présidente de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec. De moins en moins de patients ont une évaluation nutritionnelle à leur arrivée et c'est malheureux.»

Les hôpitaux disposent à peine de 6$ à 7$ par jour pour nourrir un patient, selon Mme Ouellet. Au Québec, des CHSLD dépensent aussi peu que 3,50$ par jour, alors que ceux de l'Ontario ont au minimum 7,50$ par jour. «Le Ministère a été très clair: pas un sou de plus n'est accordé (avec le nouveau plan), a dénoncé la professeure. Actuellement, l'alimentation est un service de support qui doit coûter le moins cher possible.»

Loin d'être une dépense, les casse-croûte du réseau de la santé sont source de profits: ils ont rapporté 2,2 millions en 2007-2008, d'après le Ministère. Grâce à la vente d'aliments de faible valeur nutritive - comme des hot-dogs - à rentabilité élevée, qui doivent être retirés des menus.