Le premier centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) construit en partenariat avec l'entreprise privée (PPP) au Québec ouvrira au moins 10 jours plus tard que prévu. L'établissement de Saint-Lambert, géré par le Groupe Savoie, n'a recruté jusqu'à maintenant que deux des six médecins nécessaires. Aucun patient n'y entrera donc avant la semaine prochaine, mais le Groupe Savoie recevra tout de même environ 20 000$ par jour dès vendredi, conformément au contrat qu'il a signé avec l'agence de la santé de la Montérégie.

L'entente d'une durée de 25 ans prévoit, pour 200 millions de dollars, la location du bâtiment et la prestation de soins à 200 personnes âgées en lourde perte d'autonomie. Dès vendredi, date de l'entrée en vigueur du contrat, le gouvernement paiera le Groupe Savoie même s'il ne rend pas encore les services prévus.

«Donc, on paye des deux bords... Depuis le début, on dit que la construction d'établissements de santé en PPP, ce n'est pas une bonne idée», a dénoncé la présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux, Francine Lévesque.

On se renvoie la balle

Eddy Savoie, président du Groupe Savoie, assure quant à lui que son CHSLD est prêt. «Mais le recrutement des médecins, ça doit être fait par le ministère de la Santé. Ce n'est pas ma faute si je n'ai pas encore suffisamment de médecins», a-t-il expliqué la semaine dernière.

Julien Tremblay, directeur général du centre de santé et de services sociaux (CSSS) Champlain, affirme pour sa part: «L'entente est claire: c'est la responsabilité du PPP de trouver ses médecins.»

Mais l'agence de la santé de la Montérégie a tout de même décidé de venir en aide à M. Savoie, explique le directeur des affaires médicales de l'agence, le Dr Jean Rodrigue. Elle a obligé les trois CSSS voisins (Champlain, Charles-LeMoyne et Pierre-Boucher) à fournir 12 heures de soins médicaux par semaine au CHSLD du Groupe Savoie.

M. Tremblay dénonce cette situation, car cela l'obligera à revoir la répartition des effectifs dans ses établissements. «On dirait que le privé s'en lave les mains! C'est sa responsabilité, pas la nôtre», expose-t-il.

«Même les CHSLD publics ont souvent de la difficulté à recruter des médecins. On a tenté de prêter main-forte», justifie le Dr Rodrigue.