Les autorités britanniques ont ouvert une enquête hier matin après qu'un agriculteur eut avoué avoir livré, pour consommation humaine, du lait d'une vache clonée, alors que cela est interdit en Europe. Du même souffle, le producteur laitier a déclaré avoir vendu des embryons de cette vache à des agriculteurs canadiens. Or, le lait d'animaux issus d'un clone est interdit ici aussi.

Le fermier anglais avait été cité dans un dossier du New York Times sous le couvert de l'anonymat. Il expliquait qu'il mélangeait le lait de cette vache au lait du reste de son troupeau, à l'insu de tous, et qu'il faisait aussi le commerce illégal des embryons.

«En avouant ça, il s'est lui-même placé dans une impasse», estime Yves Brindel, du Centre d'insémination artificielle du Québec.

Selon lui, le producteur devra certainement fournir la liste de ses clients canadiens, s'il y en a vraiment. Car le commerce international d'embryons animaux est très scrupuleusement contrôlé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments. «C'est de la matière vivante, explique Yves Brindel. Les embryons sont maintenus dans un réservoir d'azote liquide.»

De plus, un vétérinaire de l'Agence doit vérifier tous les embryons à leur arrivée au pays et s'assurer de leur provenance et de leur conformité.

Illégal en Europe

L'Agence canadienne d'inspection des aliments n'a pas réagi, hier, au dévoilement de cette affaire.

Au Québec, la Fédération des producteurs laitiers réitère son opposition au commerce de lait d'animaux issus de clones.

Les animaux issus du clonage peuvent être plus gros et plus productifs, d'où l'intérêt des agriculteurs à leur égard.

Mais le clonage en agriculture est un sujet qui suscite beaucoup de passions, surtout en Europe. Le mois dernier, l'Union européenne s'est prononcée contre la viande - et autres produits - de clones. La déclaration devrait devenir loi le mois prochain, bien que la consommation de viande clonée ait été déclarée inoffensive par les autorités américaines.

Les représentants européens estiment plutôt qu'il faut poursuivre les recherches sur la consommation de produits issus d'animaux clonés avant de juger de leur innocuité.