Depuis cinq ans, le temps d'attente dans les urgences de la région de Montréal n'a cessé de croître, a révélé le palmarès des urgences publié hier dans La Presse. La durée moyenne de séjour a augmenté de 1,3 heure dans la métropole pour s'établir cette année à 20,3 heures.

L'hiver dernier, la situation catastrophique dans les salles d'urgences montréalaises a fait les manchettes.

La Presse avait notamment révélé que l'on y constatait chaque semaine des morts qui auraient pu être évitées. Certains médecins avaient accusé l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal de traîner les pieds.

Le président de l'Agence, David Levine, assure que ce n'est pas le cas: «La gestion des salles d'urgences est complexe, dit-il. On a essayé au fil des ans différents modèles d'amélioration, qui ont fonctionné, mais pendant une courte période. La difficulté, c'est de soutenir l'amélioration. Ça demande beaucoup d'efforts. Et si l'hôpital doit se concentrer sur autre chose, comme une pandémie ou une infection nosocomiale, les urgences débordent de nouveau.»

Depuis le mois de mars, l'Agence de Montréal gère directement les 17 salles d'urgences de la métropole avec leur chef respectif. «Ça va bien. En avril 2009, il y avait en moyenne 74 séjours de 48 heures et plus aux urgences. Cette année, on parle de 41. C'est toute une amélioration», note M. Levine.

Il reconnaît toutefois que cela ne sera pas suffisant pour soulager les urgences de façon permanente. «Il faut continuer de développer les soins de première ligne. Nos 54 groupes de médecine familiale et cliniques-réseau n'ont pas le personnel suffisant actuellement pour répondre à la demande. Il faut renforcer ça», soutient M. Levine.

Maisonneuve-Rosemont en queue de peloton

Dans la région montréalaise, c'est à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont que la durée moyenne de séjour aux urgences (plus de 34 heures) est la plus longue. «Cela s'explique par la lourdeur des cas que nous recevons, explique le porte-parole de l'établissement, François Brochu. On a le plus haut taux d'hospitalisation au Québec.

On dessert aussi un très grand bassin de population, soit plus de 500 000 personnes.» Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, affirme que des moyens sont actuellement mis en place pour remédier à la situation. «Là, ce qu'on fait, c'est qu'on déplace nos patients de longue durée dans d'autres établissements. On appelle ça le programme 68. Et on va utiliser ces espaces pour dégager des lits de courte durée. On est en train de le faire actuellement.»

Les urgences de Maisonneuve-Rosemont seront aussi rénovées.

Dans la région de Lanaudière, la durée moyenne de séjour aux urgences est passée de 17,8 à 26,6 heures en cinq ans. L'adjointe du directeur régional des affaires médicales à l'Agence de la santé et des services sociaux de Lanaudière, Jocelyne Cherry, explique cela par un facteur démographique: «Chez les 65 ans et plus, la population a augmenté de 25% comparativement à 13% pour le reste du Québec», note-t-elle.

Le ministre Bolduc reconnaît que le vieillissement de la population a des conséquences majeures sur la fréquentation des urgences. Selon lui, il faut que le réseau de la santé améliore ses activités en tenant compte de l'augmentation du nombre de patients de 75 ans et plus. «Pour les personnes âgées, par exemple, il faut améliorer les soins à domicile. On a annoncé un plan pour la région de Montréal, notamment à Repentigny, dans le sud de Lanaudière, une stratégie pour augmenter le nombre de ressources intermédiaires.»

-Avec la collaboration de Sara Champagne