Les autorités médicales ont souvent relativisé la grippe A (H1N1) en soulignant que la grippe saisonnière tue 1500 personnes par année au Québec. À côté, le bilan de 19 victimes de la grippe A (H1N1) semble bénin.

Mais depuis quelques semaines, les données sur lesquelles s'appuie cette estimation sont contestées. Les autorités médicales sont accusées de surestimer l'ampleur de la grippe saisonnière afin d'avoir accès à des subventions de recherche. Cela pourrait paradoxalement miner la réaction du public devant la pandémie qui s'annonce.

 

Les travaux d'un anthropologue américain, Peter Doshi, sont cités par de nombreux chroniqueurs scientifiques, du New Scientist au Wall Street Journal. Depuis 2005, il a publié plusieurs études contestant la validité statistique des estimations de la mortalité due à la grippe, ce qui lui a valu d'être invité à des conférences de médecine parallèle avec des militants contre la vaccination.

«Le problème, c'est qu'on peut avoir les symptômes de la grippe causés par un autre virus que celui de la grippe, a expliqué M. Doshi en entrevue avec La Presse. Cette confusion mine la fiabilité des données et pourrait rendre mois efficaces les mesures de lutte contre la pandémie.

Le chiffre de 1500 victimes au Québec provient de données canadiennes. L'Association pour la prévention des infections à l'hôpital et dans la communauté du Canada estime que la grippe cause de 500 à 1500 morts directement et entre 4000 et 8000 à cause de complications. Mais une épidémiologiste de l'Agence de santé publique du Canada, Dena Schanzer, a publié en 2007 et 2008 des études estimant à entre 1000 et 6000 le nombre total de morts dus à la grippe saisonnière.

Dans les années où la grippe n'est pas très virulente, cela signifie que pas plus de 250 personnes meurent de la grippe au Québec. En 2006, dans une présentation interne, la Direction de la santé publique du Québec a d'ailleurs indiqué que de 59 à 132 décès «en excès» étaient officiellement attribués chaque année à la grippe saisonnière.