Le gouvernement du Québec offre des primes pour les infirmières totalisant 113,8 millions $.

Des primes annuelles de 2000 $ et 3000 $ seront versées respectivement aux jeunes infirmières auxiliaires et aux jeunes infirmières qui travaillent dans le réseau public.

De plus, des primes de 8000 $ par année seront offertes aux infirmières très expérimentées qui accepteront de reporter leur départ à la retraite.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, en a fait l'annonce mardi à la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal.

«Après les six premiers mois, il y a des gens qui se découragent parce qu'ils trouvent que c'est exigeant comme profession», a rapporté le ministre, qui fait le pari que ces primes aux nouvelles arrivées dans la profession les inciteront à y demeurer et à y prendre un peu plus d'expérience.

Pour ce qui est des primes versées aux infirmières admissibles à l'âge de la retraite, le ministère veut ainsi non seulement les garder actives, mais aussi permettre aux plus jeunes infirmières de bénéficier de leur expérience.

Environ 2000 infirmières d'expérience quittent chaque année, a souligné le ministre Bolduc.

Il n'a pu dire combien d'infirmières devraient profiter de ces trois primes.

Fait à noter, ces primes ne valent que pour trois ans, dans l'espoir de régler les problèmes d'attraction et de rétention de la main-d'oeuvre infirmière. La politique sera réévaluée après cette période. Ces primes sont donc ponctuelles et ne seront pas intégrées aux échelles de salaire.

Il n'est donc pas question d'augmenter de semblable manière la rémunération de toutes les infirmières. «Ca, ça va faire partie des conditions qu'on va négocier au cours des prochaines conventions collectives, a dit le ministre Bolduc. Ce qu'on voulait, ce sont des mesures vraiment pour les jeunes qui entrent sur le marché du travail, pour plus en avoir et les retenir plus longtemps et, également, pour nos gens qui devraient prendre leur retraite, avoir un incitatif significatif pour peut-être leur permettre de retarder et nous aider dans le réseau.»

De telles primes avaient été promises par le Parti libéral lors de la dernière campagne électorale.

Réactions

Le principal regroupement de syndicats d'infirmières et d'infirmières auxiliaires, la Fédération interprofessionnelle de la santé, a mal reçu ces primes, y voyant «une approche simpliste» et de la «poudre aux yeux» qui ne réglera pas le problème de fond.

Dans un communiqué, la présidente de la FIQ, Régine Laurent, a dit préférer des mesures «plus structurantes» pour réduire le fardeau de tâches des infirmières, notamment en améliorant leurs conditions de travail.

Elle déplore aussi le fait que ces primes ne s'adressent qu'à une minorité des infirmières, les nouvelles arrivées et les plus expérimentées qui sont presque à l'âge de la retraite. Cela, critique-t-elle, «est une insulte pour toutes ces femmes qui exercent leur profession dans des conditions insoutenables».

L'amélioration des conditions de travail des infirmières «passe par la fin des heures supplémentaires obligatoires, l'amélioration de l'organisation du travail, l'arrêt du recours au personnel d'agences privées et la création de postes à temps plein et permanent pour toutes», a ajouté Mme Laurent.

À l'opposé, l'Ordre des infirmières s'est réjouie des primes offertes. «Il était nécessaire que le ministère agisse en implantant des mesures concrètes pour maintenir le plus grand nombre possible d'infirmières dans le réseau public», a commenté la présidente Gyslaine Desrosiers.

La corporation professionnelle rappelle que 14 000 infirmières ont 55 ans et plus au Québec et que 15 000 ont déclaré vouloir prendre leur retraite d'ici trois ans si rien n'était changé dans leurs conditions de travail et de salaire, selon un sondage commandé par l'Ordre.