La Protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, évaluera la pertinence d'embaucher des clowns pour distraire les aînés, elle qui juge «inadéquates» la qualité des soins, l'hygiène et la salubrité dans plusieurs résidences.

Selon elle, le processus de certification des résidences privées aurait bien besoin de 300 000$ supplémentaires, une somme équivalente à ce que consacrera le gouvernement Charest à l'embauche de clowns.

Dans son rapport annuel déposé hier à l'Assemblée nationale, elle dénonce des «situations inadmissibles» concernant l'hébergement des aînés. Dont le manque de formation du personnel dans les établissements privés, problème relevé par La Presse dans une série de reportages publiés la semaine dernière. Le personnel n'est pas formé pour prodiguer les «soins de base», traiter les plaies de lit, manipuler le lève-personne et utiliser les bains spéciaux, démontrent des plaintes traitées par la Protectrice du citoyen.

D'après Raymonde Saint-Germain, moins du tiers des résidences privées avaient obtenu une certification de l'État au 7 avril. Des 2199 résidences privées du Québec, seulement 686 (31%) avaient obtenu leur certification. Or, à la suite de l'adoption d'une loi en 2006, le gouvernement s'était engagé à ce que toutes les résidences soient certifiées en février 2009. Cet échéancier a été reporté au mois de juin.

Pourtant, 99,7% des propriétaires de résidence ont fait une demande de certification au ministère de la Santé et des Services sociaux. «C'est le Ministère qui est déficient, qui tarde à aller faire les visites nécessaires pour leur donner leur certification, a souligné Mme Saint-Germain. Ce qu'on nous dit, c'est qu'il y a un manque de ressources.» Elle déplore aussi que le ministère n'inspecte que 12% des CHSLD par année - les résidences privées ne sont pas incluses dans les inspections.

La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a réagi à la série de reportages de La Presse en indiquant que des «clowns thérapeutiques» seront envoyés dans les établissements pour distraire les aînés. Elle a renoncé depuis à tenir une conférence de presse pour annoncer cet investissement de 300 000$.

Raymonde Saint-Germain entend «examiner» ce programme, qui, selon elle, n'est «pas mauvais en soi. On pourra voir s'il y a des suggestions à faire pour améliorer la pertinence du programme.» Elle souligne que l'investissement prévu de 300 000$ serait utile dans la certification et l'inspection des résidences.

Selon la ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, «la certification des résidences va bon train». Quelque 2000 résidences obtiendront leur certification le 30 juin, a-t-elle assuré. Mais 33 établissements ont de «grandes difficultés» à se conformer aux exigences, et 17 résidences ont été fermées par le Ministère ou ont changé de vocation. La ministre a promis d'adopter des mesures pour améliorer la formation du personnel.

Selon Raymonde Saint-Germain, il y a «urgence» de rendre obligatoire la certification des résidences qui accueillent des toxicomanes, des déficients intellectuels ou des personnes qui ont des problèmes de santé mentale. «Sans certification, il n'y a aucune assurance que ces personnes seront traitées de façon adéquate», a-t-elle souligné.

La protectrice du citoyen a reçu 21 330 plaintes en 2008-09, en hausse de 5,7% par rapport à l'année précédente. Les Québécois se plaignent plus que jamais des soins de santé et des services sociaux. Dans ce secteur, le nombre de plaintes a bondi de 68%. Il est passé de 542 en 2007-08 à 912 l'an dernier.