Le Dr Jacques Chaoulli et les infirmières auxiliaires de la clinique médicale Viau auraient dû entreprendre des manoeuvres de réanimation sur Jean-Jacques Sauvageau, un patient mort dans la salle d'attente de la clinique, conclut un rapport du coroner.

Une enquête est d'ailleurs en cours au Collège des médecins concernant le traitement médical qui a été fait à la clinique.Dans son rapport d'enquête, rendu public hier, la coroner Catherine Rudel-Tessier recommande notamment de mieux former le personnel afin d'éviter que d'autres décès ne surviennent.

Jean-Jacques Sauvageau, un homme de 78 ans, s'est présenté à la clinique médicale Viau le 11 janvier 2008 vers 15h30. Il était en détresse respiratoire. Malgré son teint bleuté, la préposée à l'accueil ne l'a pas questionné sur les raisons de sa consultation. Elle l'a dirigé vers la salle d'attente.

Quelques minutes plus tard, des patients ont constaté que M. Sauvageau allait visiblement très mal. Ils ont prévenu le personnel de la clinique.

Médecin à la clinique, bien connu pour sa bataille en Cour suprême qui a mené à une ouverture du privé en santé, le Dr Jacques Chaoulli a été le premier arrivé auprès du patient. Il était un peu moins de 16h. Après un rapide examen, le Dr Chaoulli a constaté que M. Sauvageau était mort.

Il a jugé que les manoeuvres de réanimation étaient inutiles. Il a plutôt demandé à une infirmière de contacter les services d'urgences pour le constat de décès. Il est retourné à ses occupations. M. Sauvageau a été laissé mort sur sa chaise, au vu des autres patients, jusqu'à l'arrivée des ambulanciers.

«Le Dr Chaoulli aurait dû, en tant que premier arrivé auprès d'un patient vu vivant quelques minutes plus tôt, entreprendre des manoeuvres de réanimation. Les infirmières auxiliaires auraient également dû intervenir», note Me Rudel-Tessier dans son rapport.

Par contre, le patient n'aurait vraisemblablement pu être sauvé. L'autopsie a révélé qu'il est décédé d'embolies pulmonaires massives.

«Le processus embolique devait être commencé quand il s'est présenté à la clinique. On peut présumer que même s'il y avait eu de la réanimation et même s'il s'était présenté aux urgences d'un centre hospitalier et qu'il avait été admis aux soins intensifs, ce n'est pas clair qu'il aurait pu être sauvé», explique la coroner Rudel-Tessier en entrevue.

Dans son rapport, elle recommande au Collège des médecins de rédiger un guide de bonnes pratiques pour aider les administrateurs des cliniques privées afin qu'elles puissent agir en cas d'urgence. Elle recommande aussi de se pencher sur le traitement médical qui a été offert à la victime.

«Nous allons évoluer vers une obligation de compétence en réanimation cardiorespiratoire dans les cliniques où il y a des consultations d'urgence sans rendez-vous. Cette obligation de suivre des cours va tenir autant pour les médecins que le personnel infirmier», a indiqué hier le président du Collège des médecins, le Dr Yves Lamontagne.

La coroner recommande aussi à la clinique de mettre en place un processus de triage à l'arrivée des patients et de former le personnel aux pratiques de réanimation.

Depuis les tristes événements, de nouvelles procédures ont été mises en place. La clinique s'est aussi dotée d'un défibrillateur semi-automatique. Les protocoles ont aussi été revus, a déclaré le directeur administratif de la clinique médicale Viau, Albert Chamberland.

«Le rapport a de positif qu'il pourra servir à d'autres cliniques médicales comme la nôtre pour établir des normes», croit aussi M. Chamberland.