Furieuses, les deux fédérations de médecins ont rejeté sans ménagement la déclaration du ministre de la Santé, Réjean Hébert, qui soutenait mercredi matin que le gouvernement n'était pas parvenu à obtenir des concessions de leur part pour assainir les finances publiques.

Pour le Dr Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes, le gouvernement avait demandé, en décembre dernier, des aménagements pour reporter à la prochaine année financière des décaissements «de 300 millions et plus». En négociation, chacun des deux groupes avait proposé des solutions pour reporter 100 millions à l'année 2014-2015.

«Le gouvernement a terminé en nous disant qu'il retirait sa demande, il n'y a pas eu de rupture des négociations», de lancer le Dr Barrette, qui avoue ne pas s'expliquer les déclarations du ministre. «Il était là comme observateur, la négociation se passait entre nous et le Trésor, c'est à se demander s'il dormait !» a continué le médecin. Du côté des omnipraticiens, on ne cachait pas sa «surprise» devant la décision de Québec de cesser les discussions dans ce dossier. «Il est faux et exagéré de prétendre qu'il y a eu échec des négociations», affirme le président Louis Godin dans un communiqué.

Plusieurs sources décrivent une collision entre l'impétueux Dr Barrette et le ministre Hébert lors d'une réunion au Conseil du trésor, à la mi-février. «Tu comprends rien !» aurait lancé M. Barrette au médecin qui peinait à voir les conséquences des concessions offertes par les fédérations. Les ententes avec les médecins vont jusqu'en 2017, mais le Dr Hébert soutenait ne pas pouvoir s'engager au-delà de 2015-2016.

Mercredi matin, le ministre Hébert a soutenu que les deux fédérations avaient repoussé les concessions. Québec voulait «décaler un certain nombre de mesures» de leurs ententes de travail afin de pouvoir retrouver l'équilibre budgétaire l'année prochaine. Il promettait de respecter «à terme» ces ententes. «On espérait ainsi aller chercher une centaine de millions», a-t-il rapporté. «On n'est pas arrivé à une entente, je ne peux pas dire que ça a bien été», dit M. Hébert.

«Les discussions se sont déroulées dans les derniers mois», a simplement répondu le ministre, sans vouloir blâmer ses vis-à-vis. Il a toutefois indiqué que la proposition des fédérations médicales «ne convenait pas à une gestion responsable de l'État». «On ne veut pas pelleter les problèmes ou les déficits budgétaires dans les années subséquentes, donc on n'a pas réussi à s'entendre», explique-t-il.

L'entente avait été signée en 2011. On y augmentait leur rémunération de 9,5 % pour l'année 2013-2014. Cela représentait une hausse de 530 millions de dollars. Une autre hausse de 540 millions doit suivre en 2014-15. Ces hausses visaient à rattraper une partie de retard salarial des médecins québécois sur leurs collègues des autres provinces. Par exemple, en 2009-2010, le revenu moyen des omnipraticiens québécois était de 196 950 $, contre 248 716 $ en moyenne dans l'ensemble du Canada.