Le dernier Canadien à avoir servi pendant la Première Guerre mondiale, John Babcock, est décédé jeudi, a annoncé en fin de journée le bureau du premier ministre Stephen Harper.

Aucun détail entourant la disparition de M. Babcock n'a été rendu public, mais il aurait eu 110 ans cet été.

M. Harper a indiqué par voie de communiqué que le décès de M. Babcock marque la fin d'une ère. Le Canada pleure la mort de la génération qui a affirmé notre indépendance sur la scène mondiale, a dit le premier ministre.

Pour sa part, la gouverneure-générale Michaëlle Jean a dit souhaiter que les exploits et l'exemple de M. Babcock puissent inspirer les générations futures à servir leur pays.

M. Babcock avait joint les rangs du 146e Bataillon du Corps expéditionnaire canadien à Sydenham, près de Kingston, en Ontario, à l'âge de 15 ans. Quelques mois plus tard, il est débarqué en Angleterre, où il a servi au sein des bataillons de réserve. En 1917, il a été affecté au sein du Boys Battalion (aussi appelé le Young Soldiers Battalion) en attendant d'être assez vieux pour pouvoir servir au front, mais la guerre s'est terminée avant que cela ne se produise.

«Je me suis porté volontaire pour aller au front mais ils ont découvert que je n'étais pas assez vieux, a-t-il expliqué lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne en 2007. Si la guerre avait duré un an de plus, je me serais battu.»

Mais 80 ans plus tard, son enthousiasme s'était un peu modéré. «J'aurais pu être tué», a-t-il expliqué nonchalamment.

M. Babcock est ensuite déménagé aux États-Unis où il a servi dans l'armée américaine de 1921 à 1924. M. Babcock et son épouse Dorothy habitaient à Spokane, dans l'Etat de Washington.

Le ministère des Anciens combattants du Canada lui avait décerné, en 2008, la mention élogieuse, une distinction présentée à des personnes qui ont contribué au bien-être des anciens combattants et à la mémoire de leurs contributions.

Plus de 650 000 Canadiens et Terre-Neuviens ont servi durant la Première Guerre mondiale, de 1914 à 1918, dont plus de 66 000 au prix de leur vie.

«(M. Babcock) était à la fois un symbole et un individu», a déclaré Rudyard Griffiths, le directeur exécutif du Dominion Institute, un organisme voué à la promotion de l'histoire canadienne. Nous devrions reconnaître sa contribution au Canada.»

Le gouvernement fédéral avait déjà évoqué la possibilité d'organiser des funérailles nationales pour M. Babcock lors de son décès. Mais le principal intéressé s'était montré tiède face à cette possibilité.

«Je pense que ça devrait être réservé à ceux qui sont allés au front et qui ont combattu», avait-il déclaré.

M. Babcock s'inquiétait par ailleurs du peu de connaissances qu'ont les Canadiens de la Première Guerre mondiale.

«Ils n'en savent pas grand chose, a-t-il dit. Les gens pensent uniquement à ce qu'ils font maintenant.»

M. Griffiths est du même avis. Sans des «souvenirs vivants» comme M. Babcock, il craint que l'histoire de la Première Guerre mondiale ne soit oubliée, tout comme celle de la guerre de 1812 l'a déjà été.

«Le devoir de ne pas oublier revient maintenant à une génération qui n'a jamais connu la guerre, qui est séparée de la Grande Guerre par 90 ans. Je pense qu'il y a un danger de voir les gens oublier», a-t-il dit.