William Ayers, un ancien militant radical américain monté en épingle par les Républicains qui tentaient de compromettre la campagne électorale de Barack Obama à la présidence, s'est vu refuser l'entrée au Canada, où il devait prononcer une allocution à l'Université de Toronto. C'est ce qu'a fait savoir son avocat lundi.

Paul Copeland a déploré n'avoir pas pu persuader les agents des douanes canadiennes de renverser leur décision de refuser l'entrée à son client, à l'aéroport du centre-ville de Toronto, dimanche soir. Il a précisé que M. Ayers n'avait pas été autorisé à le rencontrer.

Le professeur de l'Illinois est resté au moins trois heures et demie à l'aéroport pendant qu'on discutait de son sort. Selon l'avocat, M. Ayers avait le choix entre rentrer chez lui ou passer du temps en prison, avant qu'on ne décide s'il serait relâché ou non.

Toujours selon l'avocat, les douaniers auraient pu laisser entrer son client en vertu d'un permis de résident temporaire. Mais la porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada, Anna Pape, a indiqué que ce type de décision relève du pouvoir discrétionnaire des fonctionnaires en poste à ce moment-là.

Le nom de William Ayers est revenu à plusieurs reprises pendant la campagne présidentielle américaine. La candidate républicaine à la vice-présidence, Sarah Palin, le décrivait comme la preuve que Barack Obama avait des liens avec le terrorisme.

Par voie de communiqué, l'université s'est dite surprise que son invité, un professeur, organisateur communautaire et auteur distingué, ait été considéré comme une menace par les responsables de la sécurité à la frontière canadienne. Selon l'université, M. Ayers, qui a déjà siégé au conseil d'administration d'une organisation caritative aux côtés de Barack Obama, s'est vu refuser l'entrée à cause d'une condamnation remontant à 1969, suite à une manifestion contre la guerre.

Jeffrey Kugler, de l'Université de Toronto, a qualifié le refus d'autoriser M. Ayers à venir au Canada d'atteinte à la liberté académique. M. Ayers avait prévu de parler de la réforme de l'éducation et de l'importance de l'intronisation du président Obama, mardi.

M. Ayers, un radical dans les années 1960, a été cofondateur du Weather Underground, un groupe qui plaçait des bombes sur des propriétés du gouvernement américain, dont le Capitole et le Pentagone. Trois membres du groupe sont morts quand une bombe qu'ils fabriquaient a explosé. William Ayers a disparu de la circulation avant de refaire surface dix ans plus tard. Les accusations pesant contre lui ont été retirées, et il a refait sa vie comme écrivain et conférencier.