Un patient du département de psychiatrie de l'hôpital Notre-Dame aurait étouffé deux personnes âgées en plus de tenter d'en tuer une autre, la semaine dernière.

Vendredi, en début d'après-midi, les policiers ont été appelés à l'aile psychiatrique du centre hospitalier pour une tentative de meurtre. «Sur les lieux, les policiers ont rencontré une femme de 71 ans qui prétendait qu'on avait tenté de la tuer», explique Daniel Lacoursière, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

En discutant avec le personnel de l'hôpital et à la suite de l'autopsie de patients décédés quelques jours plus tôt, les policiers se sont aperçus que deux personnes âgées étaient mortes asphyxiées. À première vue, le personnel avait cru à une mort naturelle dans les deux cas.

Les victimes, deux hommes de 69 et 77 ans, étaient également des patients du service de psychiatrie. Ils sont morts respectivement le 16 et le 22 juin. Les enquêteurs n'avaient toujours pas réussi hier à joindre la famille de l'une des deux victimes.

Yvan Gendron, directeur général associé du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), assure que le département de psychiatrie de l'hôpital Notre-Dame est adéquatement surveillé et que le nombre d'employés y est suffisant. «Une unité de psychiatrie dans une unité d'hospitalisation, c'est un milieu de réadaptation, d'évaluation, de soins, donc ce n'est pas un milieu carcéral. Les gens ont une certaine liberté», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en soirée.

Suspect arrêté

Un suspect de 31 ans, Idelson Guerrier, a été arrêté. D'après la dénonciation, le jeune père de famille est entré dans la chambre 38 du septième étage où il a tenté de tuer la patiente qui s'y trouvait, à l'aide d'une arme non identifiée. L'homme qui habite Joliette a été accusé de tentative de meurtre le 23 juin, et la cour a demandé qu'il subisse une évaluation psychiatrique. Depuis son arrestation, il n'est plus hospitalisé à Notre-Dame. Aucune accusation concernant les deux meurtres n'a été déposée jusqu'à maintenant.

Guy Brochu, président du syndicat des professionnels en soins du CHUM, rappelle que, l'année dernière, à la suite de compressions, il a alerté la direction relativement au manque de personnel dans l'unité de psychiatrie, ce qui compromettait la sécurité des patients et du personnel.

«Il y a des compressions un peu chaque année au CHUM pour redresser les finances. Est-ce que ces événements sont arrivés à cause des restrictions budgétaires et des abolitions de postes? On est en droit de se questionner», soulève-t-il.

L'année dernière, des postes d'infirmière avaient notamment été abolis afin de créer des postes de préposés aux bénéficiaires. «Les deux font très bien leur travail, mais une infirmière va détecter certaines choses qu'un préposé n'arrivera pas à voir», a-t-il ajouté. La direction de l'hôpital soutient pour sa part que le rapport infirmières-préposés à l'hôpital Notre-Dame est comparable à celui d'aile psychiatrique d'autres hôpitaux dans la province.

M. Brochu a appris lundi le meurtre des deux patients de l'hôpital de la rue Sherbrooke Est. Il affirme qu'il n'a pas pu parler à des infirmières qui travaillent au service de psychiatrie. Hier encore, elles devaient rencontrer des enquêteurs de l'Escouade des crimes majeurs du SPVM.

«C'est sûr que certaines vont rester nerveuses, quand tu apprends qu'un de tes patients a été tué», dit-il.

Paul Brunet, le porte-parole du Conseil pour la protection des patients, était consterné en apprenant le meurtre de deux patients. «C'est tragique que des gens perdent leur vie à cause d'un mauvais diagnostic. Il se trouvait dans un lieu mal adapté. Les gens ont le droit à leur sécurité», a-t-il affirmé.

L'hôpital Notre-Dame accueille plusieurs patients qui ont besoin de soins psychiatriques. Pour cette clientèle, le centre hospitalier compte des urgences psychiatrique, des soins intensifs et quatre étages: un pour les cas légers, trois autres pour les cas plus graves.

Les familles de tous les patients du département ont été jointes par la direction de l'hôpital. Un soutien psychologique a également été offert au personnel.

Cette triste nouvelle survient au moment où vient de paraître un rapport sur les lacunes de sécurité à l'Institut Philippe-Pinel, qui accueille plusieurs criminels psychiatrisés.

- Avec Vincent Larouche

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DE MORTS NATURELLES À MEURTRES

> 16 juin

Une personne âgée est retrouvée morte. Le personnel croit qu'il s'agit d'une mort naturelle.

> 22 juin

Une autre personne du troisième âge s'éteint, supposément de manière naturelle.

> 22 juin

À 13h30, les policiers reçoivent un appel pour tentative de meurtre. Les policiers ouvrent une enquête.

> 23 juin

Idelson Guerrier comparaît au palais de justice de Montréal. Il est accusé de tentative de meurtre.

> 27 juin

Les policiers annoncent que les deux morts survenues la semaine précédente sont traitées comme étant les 13e et 14e homicides de l'année à Montréal.