Fait «excessivement rare», selon son porte-parole, la Sûreté du Québec a confirmé hier qu'elle menait une enquête de grande envergure sur le milieu de la construction au Québec en lançant un appel à la collaboration du public.

«On ne va généralement pas au public pour confirmer la tenue d'une enquête, mais là, on ne jouera pas au chat et à la souris: les différentes diffusions médiatiques, notamment celles de La Presse et de Radio-Canada, ont fait en sorte de mettre en lumière certaines choses», explique le lieutenant François Doré, de la Sûreté du Québec.

Le service de police a en fait réactivé sa ligne réservée aux cas les plus médiatisés, le 1-800-659-4264. On l'a utilisée pour récolter de l'information sur les gangs de rue en 2002 et, plus récemment, sur les Hells Angels. Depuis «un certain temps», les policiers mènent une enquête concernant des allégations d'intimidation, de violence et de corruption dans le milieu de la construction. L'enquête s'attarde aussi à des allégations d'infiltration de l'économie légale dans le milieu de la construction par le crime organisé. C'est en mars dernier que des reportages de Radio-Canada et de La Presse ont levé pour la première fois le voile sur cette enquête, alors qu'on a mis au jour le train de vie somptuaire et les liens avec le crime organisé de l'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis.

«L'enquête a connu certaines phases ce printemps, et elle se poursuit, précise, laconique, le lieutenant Doré. Ce n'est pas une conclusion, mais aujourd'hui, on juge à propos de faire appel aux gens de l'industrie de la construction, les victimes, les témoins.»

Le porte-parole de la SQ refuse de blâmer ouvertement les médias qui ont éventé l'enquête. «Est-ce que ça nuit? Je ne peux pas me prononcer, il y a trop de considérants pour que je puisse l'affirmer haut et fort. Mais je vous dirais que, généralement, divulguer ou rendre publique la tenue d'une enquête a pour effet de nuire à l'enquête en question. Je l'ai déjà constaté, mes collègues l'ont constaté.»