Un juge a acquitté jeudi un homme atteint du VIH et accusé d'agression sexuelle sur une trisomique de 47 ans parce que la présumée victime n'a pas été en mesure d'identifier positivement son agresseur.

Serge Levac, 47 ans, un prestataire d'aide sociale et porteur du VIH, ainsi que des hépatites A, B et C, a été acquitté, jeudi, de quatre chefs qui pesaient sur lui notamment d'agression sexuelle et agression sexuelle avec une arme.

Le juge Patrick Healy de la Cour du Québec en est arrivé à la conclusion que même s'il est plus probable qu'improbable que Serge Levac ait commis les crimes allégués, il n'a d'autre choix que de l'acquitter.

Le juge a répété à plusieurs reprises dans son jugement que la femme était honnête et qu'à son avis, elle était bel et bien la victime des quatre crimes.

Il a également affirmé que les preuves contre M. Levac étaient solides et a décrit les crimes allégués de «brutaux, sordides et crapuleux».

Mais le juge a toutefois laissé savoir que l'absence d'identification positive avait fait pencher la balance dans sa décision d'acquitter M. Levac.

Le 2 octobre 1998, ce dernier aurait agressé sexuellement la femme de 47 ans qui habitait dans le même immeuble que sa mère, à Montréal. La femme a affirmé au cours du procès que M. Levac l'avait menacé avec un fusil dans son appartement du sud-ouest de la ville.

Mais la femme n'a pas été en mesure d'identifier M. Levac sur des photos. Elle a pointé une autre personne comme étant son agresseur et ce, même si elle avait fourni une description juste de M. Levac à la police. Elle l'avait même identifié comme «le gars de Madame Villeneuve», en faisant référence à la mère de Serge Levac, qui habitait le même immeuble.

Un témoin avait également vu Serge Levac frapper à la porte de la présumée victime dans les heures où l'agression aurait été commise.

Le juge Healy a déclaré que le reste de la preuve ne peut lever le doute raisonnable provoqué par l'incapacité d'identifier l'agresseur.

Le Couronna a affirmé que M. Levac savait au moins depuis 12 ans qu'il était atteint du VIH. Mais elle ne détenait aucune preuve technique dans ce dossier.

La femme ayant porté plainte trois jours après l'agression, aucune preuve d'ADN et aucune empreinte digitale n'ont pu être récoltées. Elle vivait seule mais avait besoin de l'assistance d'un travailleur social, qui a alerté la police.

La police n'a pas trouvé de preuves physiques qui auraient permis de prouver que M. Levac était entré dans son appartement.

L'avocat de M. Levac, Pascal Lescarbeau, n'a pas présenté de défense. «La preuve était solide et soutenait qu'il était probablement coupable», a-t-il affirmé, avant d'ajouter qu'en droit criminel, «s'il y a un doute raisonnable, il faut acquitter l'accusé, on n'a pas le choix».

La procureure de la Couronne, Patricia Compagnone a affirmé qu'elle respectait la décision du juge et qu'elle étudierait attentivement le jugement avant de décider si elle portait la décision en appel.

Le juge a par ailleurs félicité les avocats des deux parties pour s'être bien comportés au cours de ce procès difficile.