Devant les intentions protectionnistes de Donald Trump, le Québec doit « montrer du muscle », soutient Jean-François Lisée. Le chef péquiste propose de piger dans le Fonds des générations, qui sert à réduire le poids de la dette, pour créer « un moteur supplémentaire de nationalisme économique ».

Jean-François Lisée a fait de l'économie l'unique thème de son discours à la clôture du conseil national du Parti québécois, son premier à titre de chef.

Selon lui, il faut « moderniser le nationalisme économique (...), et ça presse ». « Parce qu'autour de nous, il n'y a pas que des enfants de choeur », a-t-il lancé, une allusion au nouveau président américain, Donald Trump. « Il va falloir montrer du muscle, défendre nos emplois, nos parts de marché, pied à pied au cours des années qui viennent. »

En conférence de presse, M. Lisée a expliqué que le Québec doit « s'adapter au contexte économique » actuel. Depuis la crise financière de 2008, « les Américains sont devenus beaucoup plus affirmatifs, pour dire le moins, dans la défense de leurs intérêts économiques ». « Et on le voit avec l'élection du nouveau président que c'est une tendance qui va augmenter ».

« La pire des choses à faire est de rester les brais croisés et penser qu'on en fait déjà suffisamment. Et les libéraux n'en font pas assez », a-t-il soutenu. Par exemple, le gouvernement Couillard a « brisé sa promesse » d'utiliser une partie du Fonds des générations pour protéger les sièges sociaux.

Ce fonds, qui atteint près de 10 milliards de dollars et atteindra plus de 22 milliards dans quatre ans, doit être mis en partie au service du « nationalisme économique », selon M. Lisée. Une partie du fonds devrait permettre de faire des « investissements structurels » permettant de doper la croissance de l'économie. Mais il n'a pas donné d'exemples, préférant donner le mandat à son député Nicolas Marceau de trouver « les meilleures façons de rendre plus productive une partie » des deux milliards que le gouvernement verse dans cette cagnotte chaque année.

Une augmentation du PIB causée par cette stratégie aurait pour effet de réduire aussi le poids de la dette, l'objectif premier du Fonds des générations créé en 2006, a plaidé M. Lisée. Ce fonds est administré par la Caisse de dépôt, mais la politique de placement est « trop conservatrice » à l'heure actuelle selon le chef péquiste. Il ne milite pas pour des investissements risqués, mais plutôt pour une stratégie « équilibrée ». Il a rappelé que les agences de notation de crédit tiennent compte de l'existence de ce Fonds pour évaluer la santé financière du gouvernement du Québec. « Si tu prends les 10 milliards et que tu vas à Vegas, il va y avoir un problème », a-t-il illustré. 

Le chef caquiste François Legault propose depuis longtemps de puiser dans le Fonds des générations, qui atteint près de 10 milliards de dollars. Mais c'est pour une tout autre fin que celle identifiée par le chef du PQ. Il veut donner une baisse d'impôt de 500 $ pour tout contribuable gagnant moins de 150 000 $.

Jean-François Lisée promet aussi qu'un gouvernement péquiste adopterait un « Buy Québécois Act » qui s'inspirerait du modèle américain. Il fait une fois de plus appel à Nicolas Marceau pour élaborer « la politique d'achat québécois la plus robuste possible ».

S'il est porté au pouvoir, M. Lisée compte revoir le mandat de la Caisse de dépôt et d'Investissement Québec pour ajouter le maintien des sièges sociaux « stratégiques » parmi leurs « missions explicites ». La Caisse devrait également avoir un mandat clair de "développement économique régional", mais aussi retrouver dans sa loi constitutive un équilibre entre «le rendement et le développement du Québec».