Les députés péquistes accourus en Écosse appuyer le camp du Oui manquent à leurs devoirs, estime le premier ministre Philippe Couillard.

D'autres élus libéraux vont plus loin et évoquent une ingérence du Parti québécois dans un débat qui ne concerne que les Écossais.

Quatre députés péquistes ont quitté le Québec ces derniers jours pour l'Écosse afin de vivre le dernier droit de la campagne référendaire. Pierre Karl Péladeau, Martine Ouellet et Mathieu Traversy ont fait le voyage à titre personnel alors que le Parti québécois a officiellement délégué Alexandre Cloutier. MM. Cloutier et Péladeau tout comme Martine Ouellet sont des aspirants présumés à la course à la direction du PQ.

Lors d'un impromptu de presse, jeudi, le premier ministre Couillard a critiqué la décision des élus péquistes de quitter le Québec en plein débat sur le redressement des finances publiques.

En ces temps difficiles, la place des députés québécois est à l'Assemblée nationale, a déclaré M. Couillard.

«À mon avis, ça témoigne d'un mauvais choix de priorité. On vient de parler des enjeux d'équilibre budgétaire, des politiques publiques qu'il faut réexaminer, c'est ça la priorité», a-t-il soulevé.

De surcroît, le premier ministre ne pense pas que le soutien apporté par les députés souverainistes québécois à leurs vis-à-vis écossais aura un impact sur l'issue du référendum sur l'indépendance.

«Je ne crois pas que ça aura une grande influence sur le choix des Écossais», a-t-il évalué.

La députée Rita De Santis croit pour sa part que les péquistes, enfoncés dans un cul-de-sac au Québec, sont allés chercher un certain réconfort de l'autre côté de l'Atlantique.

Elle a fait remarquer que les élus du Parti québécois auraient crié au loup si jamais des Américains, des Italiens ou des Grecs étaient venus s'immiscer dans le débat référendaire en 1995 au Québec.

«Ils auraient réagi très négativement, comme ils l'ont fait lorsque des Canadiens sont venus participer à un ralliement pour le Non (durant la campagne référendaire de 1995)», a-t-elle avancé.

Son collègue ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a lui aussi évoqué une ingérence, se demandant comment réagiraient les péquistes si «quelqu'un de l'extérieur» décidait d'intervenir dans un débat référendaire ici-même au Québec.

«Qu'ils aillent là comme touristes, c'est correct s'ils veulent le faire, mais je ne pense pas qu'ils devraient nécessairement participer à des rassemblements politiques dans une situation où on est si près d'un résultat», a-t-il noté.

Un porte-parole a assuré jeudi que M. Cloutier, délégué officiel du PQ en Écosse, n'avait participé à aucun événement partisan et qu'il observait un devoir de réserve face au débat écossais. Le député de Lac-Saint-Jean avait été invité à prendre la parole lors d'un rassemblement pour le Oui, mais a décliné l'offre. D'autres sont moins discrets. Martine Ouellet, par exemple, fait ouvertement campagne pour le Oui en sol écossais.

Le député Alain Therrien, du PQ, ne voit rien de répréhensible à l'engagement du Parti québécois dans la campagne écossaise. Il juge nécessaire d'avoir «une antenne d'information» en Écosse «pour nous inspirer pour la suite des événements».