La Commission de révision permanente des programmes du gouvernement Couillard, chargée de passer au crible les programmes gouvernementaux, coûtera au bas mot 3,8 millions $, du moins, pour sa première année de travaux.

C'est ce qui ressort de l'estimation des coûts bruts anticipés établis de façon «conservatrice».

Selon le document, obtenu en vertu de la Loi d'accès à l'information, les salaires de la présidente de la commission - l'ex-ministre libérale Lucienne Robillard - ainsi que des quatre experts qui l'épauleront totaliseront 1,03 million de dollars.

Le salaire annuel de Mme Robillard est évalué à 265 000 $, ou un montant quotidien de 1100 $ pour huit heures de travail pendant 240 jours. Celui des quatre experts - Claude Montmarquette, Michèle Bourget, Mireille Filion et Robert Gagné - est évalué à 192 500 $, ou 800 $ par jour.

Chacun d'entre eux verra son salaire «réduit de la moitié de la rente en provenance du secteur public québécois», est-il également précisé dans le document, qui ne fournit pas plus de détails sur ces montants.

De plus, en vertu d'un décret publié au début du mois de juillet dans la Gazette officielle du Québec, Mme Robillard pourra se faire rembourser des dépenses occasionnées par l'exercice de ses fonctions jusqu'à concurrence de 300 $ par mois.

Annoncée par le président du Conseil du trésor Martin Coiteux le 11 juin dernier, la Commission a pour mandat principal de dégager des économies de 3,2 milliards de dollars pour l'an prochain afin d'atteindre l'équilibre budgétaire.

Toutefois, le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) croient plutôt que la Commission n'est que l'équivalent d'un comité externe chargé d'effectuer un travail que le gouvernement Couillard devrait plutôt faire lui-même.

«Les programmes, nous les évaluons continuellement lorsque nous sommes au gouvernement, a affirmé la porte-parole péquiste pour le Conseil du trésor, Élaine Zakaïb, au cours d'un entretien. Là, on donne un mandat comme si c'était (la révision) pour se faire sans vision.»

En dépit de cette évaluation, M. Coiteux a défendu la mise sur pied de la Commission, réitérant qu'il s'agissait d'une première au Québec.

«Au fil des ans on a multiplié les programmes (...) sans véritablement faire l'examen qu'on amorce maintenant avec la Commission», a-t-il dit.

Mme Zakaïb a aussi déploré le manque de «vision d'avenir» dans le mandat de la Commission, qui doit trouver des économies sans grandes orientations de la part du gouvernement Couillard.

«Pour être en mesure d'évaluer les programmes, il faut être capable de mesurer leur portée pour ainsi épargner sans nécessairement toucher aux services à la population», affirme Mme Zakaïb. Plusieurs programmes ont des aspects sociaux que nous allons mesurer uniquement sur des aspects économiques.

La porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du trésor reproche également au gouvernement Couillard d'avoir «sous-traité» sa responsabilité de prendre des décisions en tant que gouvernement.

«Je pense que le gouvernement veut pouvoir se retrancher derrière la commission en disant ''ça nous a été suggéré par la commission pour faire avaler plus facilement la pilule aux Québécois. Ça ne sera pas la faute du Parti libéral, ça va être la décision de la commission''», a-t-elle observé.

Elle croit que le gouvernement libéral manque «un peu de courage» en ne dévoilant pas sa «vision d'avenir» sur les programmes actuellement en vigueur au Québec.

Selon les caquistes, la mise sur pied de la Commission fera en sorte que les contribuables assumeront la facture pour un travail que le Parti libéral du Québec aurait dû faire lui-même avant la campagne électorale du printemps dernier.

«Ils n'étaient pas prêts à gouverner et la formation de cette commission en est une très bonne illustration», a indiqué un porte-parole du parti, Guillaume Simard-Leduc.

Selon le président du Conseil du trésor, ces critiques de l'opposition «manquent le tir complètement».

«La CAQ n'a jamais gouverné et le PQ a gouverné le Québec pendant 18 mois et ils n'ont absolument rien fait de ce côté (de la révision des programmes)», a souligné M. Coiteux.

Parmi les autres coûts anticipés, la facture du budget de «fonctionnement» de la Commission est estimée à 1,2 million de dollars, principalement pour la location de locaux, d'équipement ainsi que pour divers contrats dont la nature n'a pas été précisée.

Un montant de 640 000 $ est également prévu pour les huit employés du secrétariat de la Commission, qui recevront une rémunération annuelle de 80 000 $.

Une somme similaire est également prévue pour le personnel (huit personnes) du Secrétariat du Conseil du trésor «affecté aux travaux de révision» de la commission.

Il devrait s'agir de personnel qui oeuvre actuellement au sein du Secrétariat du Conseil du trésor, ce qui fait en sorte qu'il ne devrait pas y avoir de nouvelles embauches, a souligné M. Coiteux. Le président du Conseil du trésor assure que le budget du Secrétariat ne gonflera pas en raison de la Commission.

Finalement 250 000 $ seront destinés à des «sites web», qui incluent une «boîte à idée» - une mesure dont la nature n'a pas été précisée dans les documents.