Le député conservateur fédéral Jason Kenney veut diriger le Parti progressiste-conservateur de l'Alberta et unifier les partis de droite sous une même bannière afin de mettre un terme à «l'accident néo-démocrate» au prochain scrutin.

L'ancien ministre de Stephen Harper croit qu'il est essentiel que les progressistes-conservateurs et le parti Wildrose, qui forme l'opposition officielle, mettent leurs traditionnelles divergences de côté s'ils veulent arracher le pouvoir au Nouveau Parti démocratique (NPD) albertain.

M. Kenney n'a pas mâché ses mots, mercredi, à l'endroit du gouvernement de Rachel Notley, qui est en train de détruire systématiquement, selon lui, l'«avantage Alberta», un slogan lancé par le héros des conservateurs albertains, Ralph Klein, dans les années 1990. «Il n'y a qu'une seule façon d'éliminer ce risque, une seule façon de s'assurer de battre le NPD en 2019 et de remettre l'Alberta sur la bonne voie: rallier les Albertains autour d'une cause commune», a lancé M. Kenney à ses partisans, mercredi à Calgary.

«Le Parti progressiste-conservateur et le parti Wildrose doivent songer d'abord et avant tout à l'Alberta. Nous devons mettre l'accent sur l'avenir et non sur le passé, sur ce qui nous unit plutôt que sur ce qui nous divise. Nous devons nous rallier et former un seul parti de la libre entreprise - et nous devons le faire avant le prochain scrutin.»

L'annonce de la candidature du député fédéral de Calgary-Midnapore n'est pas vraiment une surprise. Depuis plusieurs mois, des rumeurs laissaient entendre que Jason Kenney retournerait dans sa province natale pour tenter cette fameuse alliance des progressistes-conservateurs, considérés comme modérés, et du Wildrose, jugé plus à droite.

Mme Notley a évité de commenter directement les propos de M. Kenney.

«Le nombre de leaders et de partis conservateurs qui pourraient être impliqués dans les élections (de 2019)... me préoccupe moins que d'avoir un bilan dont je suis fier pour présenter aux Albertains», a dit la première ministre, mercredi.

M. Kenney n'a pas indiqué s'il avait l'intention de démissionner comme député fédéral, et n'a pas répondu aux questions des journalistes.

Si M. Kenney devait demeurer député, il ne s'agirait pas d'un précédent. Récemment, Patrick Brown avait conservé son rôle de député fédéral tout en étant candidat à la direction du Parti progressiste-conservateur en Ontario.

La chef par intérim du Parti conservateur fédéral, Rona Ambrose, aussi députée dans la province de l'Alberta, a souhaité la meilleure des chances à M. Kenney.

«J'encourage tous les conservateurs à travailler ensemble pour forger une voie unifiée vers la victoire», a dit Mme Ambrose.

Les progressistes-conservateurs albertains ont été relégués au rang de troisième parti aux élections de mai 2015, et n'ont pas de chef permanent depuis. L'ex-ministre fédéral Jim Prentice, qui avait mené le Parti progressiste-conservateur vers sa première défaite en plus de 40 ans, avait annoncé sa démission au terme de la soirée électorale, il y a plus d'un an.

M. Kenney a promis que les pourparlers entre les deux formations de droite ne se dérouleraient pas derrière des portes closes, et il a tendu la main aux militants du Wildrose, «qui ne sont pas nos ennemis ou nos adversaires, mais nos amis (...), des membres de la famille».

Jusqu'ici, les militants progressistes-conservateurs ne se sont pas montrés très chauds à l'idée d'une fusion, alors que le Wildrose se dit tout à fait disposé à cette solution - tant que la nouvelle formation prenne son nom et conserve son chef actuel, Brian Jean.

M. Kenney estime que si le Parti progressiste-conservateur et l'Alliance canadienne ont réussi leur fusion à l'échelle fédérale en 2003, une telle unification de la droite en Alberta sera «un jeu d'enfant».

Mais Danielle Smith, l'ancienne chef du Wildrose qui a amorcé une vague de migration vers les conservateurs en 2014, doute que M. Kenney soit à la hauteur de la tâche. Elle se demande notamment si l'ex-ministre conservateur fédéral pourra séduire l'électorat urbain d'Edmonton et de Calgary, à cause de ses déclarations passées sur des enjeux sociaux.

Mais deux autres anciens députés du Wildrose qui avaient suivi Mme Smith de l'autre côté de la Chambre - Rob Anderson et Bruce McAllister - croient que M. Kenney est bel et bien l'homme de la situation. M. Anderson, ancien député conservateur passé au Wildrose puis rentré de nouveau chez les conservateurs, estime que le terrain pour une fusion est plus fertile qu'en 2014. «Être confronté au socialisme pendant un an, ça réveille.»