Le plus important conseil scolaire du pays n'autorisera plus les voyages d'élèves aux États-Unis, face à l'incertitude qui plane sur le passage à la frontière de certains ressortissants canadiens.

Le Conseil scolaire de Toronto, qui dessert quelque 245 000 élèves des écoles publiques de la métropole canadienne, a annoncé jeudi qu'il avait pris cette «décision difficile» pour éviter que des jeunes soient refoulés à la frontière même s'ils présentent les documents requis.

Les 24 sorties scolaires aux États-Unis déjà approuvées auront toujours lieu, mais le conseil précise que si jamais un élève est refoulé à la frontière, tout le groupe reviendra à Toronto. Le conseil espère aussi qu'une clause de garantie prévoira dorénavant que ces voyages pourraient être annulés et remboursés si Washington appliquait une directive qui empêcherait certains élèves de franchir la frontière américaine.

Le président américain, Donald Trump, a annoncé au début du mois de nouvelles restrictions pour les ressortissants de sept pays à majorité musulmane qui arrivent aux États-Unis. Ces mesures ont toutefois été suspendues depuis par plusieurs tribunaux. Certains citoyens canadiens ont cependant connu des ennuis à la frontière américaine à cause de leurs origines - ou même celles de leurs parents.

Le Conseil scolaire de Toronto a indiqué qu'il surveillera la situation de près et qu'il pourrait éventuellement revoir sa décision. Le directeur, John Malloy, espère que les élèves, les parents et les enseignants comprendront la décision du conseil et qu'ils appuieront cette position. Selon lui, il s'agissait de trouver un juste équilibre entre les valeurs d'équité et d'inclusion prônées par le conseil, d'une part, et le désir de maintenir les sorties scolaires déjà préparées et dont l'annulation tardive entraînerait des frais.

De tels débats ont cours au sein d'autres conseils scolaires au pays depuis le premier décret signé par le président Trump, fin janvier. Une école secondaire de Winnipeg a ainsi annulé le voyage de son équipe d'athlétisme au Minnesota en janvier parce que l'entrée aux États-Unis n'était pas assurée pour tous.

De fait, le 9 février, Yassine Aber, un étudiant de l'Université de Sherbrooke, a été refoulé à la frontière américaine alors qu'il se rendait avec son équipe participer à une compétition d'athlétisme à Boston. Né au Québec de parents d'origine marocaine, le jeune homme était muni d'un passeport canadien en règle.

En février, le Conseil scolaire d'Essex County, en Ontario, a décidé d'annuler des sorties scolaires aux États-Unis pour les mêmes motifs. Plus tôt ce mois-ci, les Guides du Canada ont aussi annoncé que les voyages aux États-Unis ne seraient plus approuvés dorénavant.