L'industrie du taxi se mobilise afin de mener une lutte tant sur le front juridique que sur le terrain contre l'entente conclue entre le gouvernement du Québec et Uber.

Pendant ce temps, même si le ministre des Transports, Laurent Lessard, s'est avéré incapable de dire clairement si les services d'Uber sont légaux ou non, les autorités responsables ont pris les choses en mains sur le terrain, procédant à l'émission de constats d'infraction et à des saisies de véhicules de chauffeurs de la multinationale.

L'intervention des autorités est fondée sur l'article de la loi indiquant qu'un délai de 20 jours est requis entre la création d'un projet pilote et sa mise en oeuvre, de même que sur l'absence de l'arrêté ministériel requis pour l'entériner.

«Nos inspecteurs sont sur la route et on considère que l'entreprise Uber n'opère pas dans un cadre légal», a indiqué à La Presse canadienne la porte-parole du Bureau du taxi de Montréal, Marie-Hélène Giguère.

«Ils fonctionnent toujours dans l'illégalité puisque le projet pilote en soi n'est pas effectif, ce qui fait en sorte qu'on est en mesure d'appliquer la loi 100 qui est entrée en vigueur le 8 septembre dernier», a pour sa part confirmé le porte-parole de Contrôle routier Québec, Éric Santerre, en entrevue téléphonique.

Selon le dernier relevé disponible mardi, les inspecteurs du contrôle routier étaient intervenus auprès de 12 chauffeurs d'Uber, trois à Québec et neuf dans la périphérie de Montréal, alors que le Bureau du taxi de Montréal avait fait de même dans trois cas sur l'île de Montréal.

Dans tous les cas, les chauffeurs d'Uber ont reçu un constat assorti d'une amende et de frais totalisant 3750 $, leurs véhicules ont été saisis pour sept jours et leurs permis de conduire suspendus pour la même durée. Uber Canada s'est également fait signifier des constats d'infraction pour chacun des chauffeurs interpellés.

Du côté de l'industrie du taxi, le porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi (CPCDIT), Guy Chevrette, a annoncé la création d'un front commun des divers regroupements de chauffeurs de taxi et l'amorce de démarches juridiques, dont le dépôt d'une demande d'injonction jeudi, afin de faire cesser les activités d'Uber et faire déclarer illégale l'entente intervenue entre la multinationale et Québec.

«L'unification dont on rêvait se réalise et on est heureux de cela», a déclaré M. Chevrette'en marge d'une réunion de représentants de l'industrie, mardi, à Montréal.

«Ça ne sent pas bon sur le plan politique ce qui s'est passé. On voit que c'est une entente de dernière minute et qu'ils ne savaient même pas comment la rédiger parce qu'il a fallu quatre, cinq jours pour la sortir», a-t-il ajouté, reprochant à Uber de se livrer à «des entourloupettes», «du mensonge» et «de l'hypocrisie».

«Depuis deux ans et demi, cette compagnie tripote la loi du Québec, fait fi des lois du Québec, fait fi des règlements, fait fi de la taxation, pratique une finance internationale dans des paradis fiscaux», s'est insurgé l'ancien ministre.

Le porte-parole du Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM), Benoît Jugand, qui regroupe près de 4000 chauffeurs de taxi, estime que l'entente conclue entre Québec et Uber doit être résiliée, la multinationale n'ayant pas respecté les paramètres dès le premier jour de l'entente, notamment en exigeant le double du tarif régulier au Centre Vidéotron à Québec.

«On ne se laissera pas piler sur les pieds. Le gouvernement a beau dire que ses ententes sont légales, on a les preuves qu'elles ne le sont pas», a-t-il déclaré à sa sortie de la rencontre de Montréal.

«Uber ne respecte même pas les protocoles d'entente qu'il a lui-même signés avec le gouvernement», a ajouté M. Jugand.

Un comité a été créé pour élaborer un plan d'action sur le terrain. M. Chevrette affirme que rien n'est écarté - incluant la grève - comme moyen de pression, mais il s'est engagé à ce que les services aux plus vulnérables et le transport adapté ne soient en aucun temps touchés par d'éventuelles actions.