L'avocat de groupes environnementalistes qui soutiennent avoir été espionnés illégalement par les services canadiens de renseignements ne peut même pas discuter avec ses clients de son témoignage livré à huis clos, mercredi, à Vancouver.

Josh Paterson, directeur général de l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, a témoigné mercredi devant le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui entend la plainte déposée en février 2014 par son association. Mais le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) refuse que M. Paterson relate le contenu de son témoignage à ses clients.

«Je ne peux rien dire sur ce qui s'est passé dans cette pièce», a déclaré M. Paterson, jeudi.

Mike Horter, le directeur général de Dogwood Initiative, l'un des groupes que le SCRS aurait espionnés, a confirmé que Josh Paterson n'avait pas été en mesure de lui révéler quoi que ce soit à propos de son témoignage. «J'ai envie d'utiliser le mot »kafkaïen«, mais ce serait impossible d'écrire une pièce de théâtre comme ça», a lancé M. Horter.

«J'ai posé une question très simple à mon avocat: »As-tu le sentiment d'avoir eu droit à un traitement équitable?« Et il m'a répondu: »Je ne peux pas répondre à cette question.« Je trouve ça profondément perturbant», a-t-il affirmé.

Le comité tenait jeudi sa deuxième journée d'audiences préliminaires, à huis clos, pour déterminer si le SCRS était allé trop loin dans sa surveillance de militants environnementalistes et autochtones.

Ce processus découle d'une plainte déposée en février 2014 par l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique auprès du Comité de surveillance à la suite de reportages qui laissaient croire que le SCRS et d'autres agences gouvernementales considéraient toute opposition à l'industrie pétrolière au Canada comme une «menace à la sécurité nationale».

L'association soutient aussi que le SCRS a partagé illégalement des renseignements avec l'Office national de l'énergie, qui tenait des audiences publiques sur des projets d'oléoducs dans l'Ouest.

Sept personnes doivent témoigner devant le Comité de surveillance d'ici la fin de cette première série d'audiences, vendredi, dont des membres et des bénévoles de Dogwood Initiative, de ForestEthics Advocacy, de leadnow.ca et du Sierra Club BC, ainsi que des participants au mouvement Idle No More.

Ils devraient tous se voir imposer un bâillon semblable concernant leur témoignage.