En sept ans, la proportion de jeunes soldats canadiens infectés par les maladies transmises sexuellement a pratiquement doublé, obligeant les Forces canadiennes à multiplier les efforts pour combattre cet ennemi, a appris La Presse.

En 2007, 7,9 soldats âgés de 16 à 29 ans sur 1000 souffraient d'une chlamydia, l'infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS) la plus fréquente chez ces derniers. En 2012, ce taux était de 15,9/1000. L'an dernier il a légèrement baissé pour atteindre 14,9/1000.

Généralement, on compte davantage de cas dans l'armée que dans la société civile. Mais Santé Canada dit ne pas avoir de statistique plus récente que 2011, où l'on comptait un taux d'environ 7/1000 chez les 15-29 ans. Mais tant du côté des Forces canadiennes que dans la population, la courbe de la chlamydia est à la hausse.

«C'est quelque chose qui nous inquiète et que nous suivons de près», reconnaît le lieutenant-colonel Paul Eagan, directeur du service des maladies contagieuses des Forces armées canadiennes en entrevue avec La Presse.

Les Forces canadiennes misent sur l'éducation et la prévention et l'accès aux soins et au dépistage pour inverser cette tendance. Les Forces ont également lancé une recherche pour mieux comprendre les comportements de ses membres. Un projet pilote est aussi en cours sur la base de Valcartier à Québec et propose une approche plus personnalisée en matière d'éducation et de conseils, affirme le lieutenant-colonel Eagan 

«Cela nous permettra d'avoir une meilleure idée de la situation pour avoir ces taux sous contrôle»,explique-t-il.

Ce dernier ne croit pas qu'il y ait une corrélation entre l'augmentation des ITSS et le déploiement des soldats en mission à l'étranger. Il faut dire que toute relation sexuelle entre militaires est interdite en zone de combat tout comme les relations avec «une force ennemie» ou une personne habitant dans la région où sont déployés les militaires, selon le règlement des Forces armées.

Mais depuis la Première Guerre mondiale où la syphilis causait des ravages chez les soldats, des préservatifs sont distribués tout à fait gratuitement et les coûts sont assumés par les contribuables. Selon des documents obtenus grâce à la loi d'accès à l'information, l'achat de près de 700 000 préservatifs a coûté 96 000$ entre septembre 2011 et septembre 2014.

«On essaie de les rendre accessibles facilement à tous», ajoute le lieutenant-colonel.

Le lieutenant-colonel précise qu'une des raisons qui pourrait expliquer pourquoi le taux de chlamydia est plus élevé dans l'armée est que les soldats sont beaucoup plus suivis par des médecins que les civils.

«Tous les membres des forces sont examinés tous les cinq ans. Ils sont également suivis avant d'être déployés et de nouveau à leur retour», ajoute le lieutenant-colonel.

- Avec William Leclerc