Les chefs des Premières Nations demandent à Ottawa d'inviter et de soutenir financièrement les proches des femmes autochtones assassinées ou disparues qui voudraient participer à la table ronde nationale sur ce problème, en février prochain.

Au troisième et dernier jour de leur rencontre, jeudi, les délégués de l'Assemblée des Premières Nations (APN) ont adopté à l'unanimité une résolution demandant à Ottawa que soient entendues, lors de ces audiences, les familles des victimes, dont la voix est souvent noyée dans ce débat. Les chefs demandent aussi que le gouvernement fédéral affecte des ressources pour permettre à ces proches et aux conseils des femmes autochtones de participer à la table ronde nationale, et qu'il confirme officiellement la participation d'Ottawa à ces travaux.

La chef Cathy Merrick, de la Première Nation de Cross Lake, au Manitoba, a éclaté en sanglots lorsque sa résolution sur les proches des victimes a été adoptée. Elle a expliqué qu'il n'existait aucune ressource pour aider les familles à vivre leur deuil, ou pour les aider à défrayer leur participation future aux travaux de la table ronde.

Le douloureux dossier des femmes autochtones assassinées ou disparues avait dominé la première journée de l'assemblée générale de l'APN, mardi, avec le cri du coeur lancé par Rinelle Harper, âgée de 16 ans, qui a survécu presque par miracle à une violente agression sexuelle et physique, le mois dernier à Winnipeg.

Selon un récent rapport de la Gendarmerie royale du Canada, le nombre de femmes autochtones assassinées ou disparues atteint maintenant 1181 au pays, et 16% des Canadiennes victimes d'homicides sont des Autochtones, alors qu'elles ne représentent pourtant que 4,3% de la population totale.

Même si ce dossier a hanté les travaux de l'APN depuis mardi, aucune résolution n'a été déposée pour exiger à nouveau d'Ottawa qu'il mette sur pied une commission d'enquête nationale sur les femmes autochtones assassinées ou disparues. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a toujours rejeté cette idée, préférant s'en remettre au travail policier.

Ghislain Picard, le chef intérimaire de l'APN battu mercredi lors de l'élection d'un nouveau chef, a évoqué la possibilité que les Premières Nations mettent sur pied leur propre enquête. «Un jour sur deux, on signale un nouveau cas (...) de personnes disparues dans ce pays. Nous devons agir rapidement, devant l'indifférence du gouvernement», a lancé aux délégués le chef régional de l'APN pour le Québec et le Labrador.

M. Picard a terminé deuxième, mercredi, derrière Perry Bellegarde, chef de la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan, élu par 63% des voix au premier tour de scrutin.