Sortant exceptionnellement de la réserve qu'il s'impose depuis son retrait de la vie politique, l'ex-président français Nicolas Sarkozy a fait parvenir une déclaration à La Presse. Il dit regretter avec beaucoup d'émotion la disparition de son «ami au grand coeur», Paul Desmarais, l'homme qui l'a aidé à bâtir sa stratégie pour conquérir l'Élysée et qui était à ses côtés le soir de son élection.

«Au-delà de l'admiration qu'il avait pour l'homme exceptionnel qu'était Paul Desmarais, l'homme d'affaires, le mécène et la source d'inspiration qu'il fut pour sa chère Province, le Québec et, pour le Canada, Nicolas Sarkozy pleure aujourd'hui avant tout son ami», précise la missive.

«Paul Desmarais était son ami, un ami fascinant par son énergie, son indéfectible soif de vivre et d'agir, mais surtout un ami au grand coeur», poursuit le texte.

La grande amitié qui liait les deux hommes n'était un secret pour personne. Certains observateurs y avaient attribué la prise de position ferme du président Sarkozy en faveur du fédéralisme et contre la souveraineté du Québec. Une position qui s'éloignait de la traditionnelle politique de «ni ingérence ni indifférence» de la France à cet égard.

Albert Frère

Nicolas Sarkozy et Paul Desmarais se sont connus en 1995 grâce à leur ami commun, le puissant financier belge Albert Frère.

M. Desmarais a déclaré par la suite qu'il avait tout de suite décelé le potentiel du politicien. «On m'a présenté cet homme politique encore tout jeune, et j'ai trouvé en lui une énergie formidable et une force de conviction telle que je me suis dit: c'est quelqu'un qui serait bien pour la France», a-t-il raconté en entrevue à La Presse quelques années plus tard.

En 2008, au moment de faire Paul Desmarais grand-croix de la Légion d'honneur, Nicolas Sarkozy avait expliqué combien il lui était redevable.

«En fait, si je suis aujourd'hui président de la République, je le dois en partie aux conseils, à l'amitié et à la fidélité de Paul Desmarais», avait-il déclaré.

«1995 n'était pas une année faste pour moi. Un homme m'a invité au Québec dans sa famille. Nous marchions de longues heures en forêt et il me disait: «Il faut que tu t'accroches, tu vas y arriver, il faut que nous bâtissions une stratégie pour toi.» Preuve, cher Paul, que tu n'es pas Français, car il n'y avait plus un Français qui pensait ça. Nous avons passé 10 jours ensemble, au cours desquels tu m'as redonné confiance à tel point que, maintenant, je me considère comme l'un des vôtres. Et, sans vouloir inquiéter tes enfants, je peux dire que je me sens un membre de la famille-l'héritage en moins bien entendu», avait ajouté le président.

L'année suivante, au moment de remettre la Légion d'honneur à Jacqueline Desmarais, Sarkozy avait déclaré à la blague que son ami avait bien une faiblesse, malgré tout. «Paul n'a qu'un défaut: il n'aime pas que je le batte aux dames. Mais il m'a beaucoup conseillé et ses conseils m'ont été précieux», avait-il lancé.

C'est avec une profonde émotion que le Président Nicolas Sarkozy a appris le décès de Paul Desmarais.

Au-delà de l'admiration qu'il avait pour l'homme exceptionnel qu'était Paul Desmarais, l'homme d'affaires, le mécène et la source d'inspiration qu'il fut pour sa chère Province, le Québec et, pour le Canada, Nicolas Sarkozy pleure aujourd'hui avant tout son ami.

Paul Desmarais était son ami, un ami fascinant par son énergie, son indéfectible soif de vivre et d'agir, mais surtout un ami au grand coeur.

Nicolas Sarkozy a eu au téléphone sa femme Jacqueline, son fils Paul Junior, sa fille Sophie et leur a adressé ses condoléances les plus sincères ainsi que ses pensées émues.