Richard Desjardins, dont les multiples talents servent de vecteurs à ses nombreux engagements sociaux, se prononce contre le projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. Aussi une brèche semble-t-elle se dessiner dans la communauté artistique, souvent associée au courant souverainiste. Outre Desjardins, Michel Rivard et Dan Bigras se sont aussi opposés au projet controversé plus tôt cette semaine.

«Je pense que [Bernard] Drainville va retirer son affaire! Il va se faire mettre dans le coin, ce ne sera pas long! Il va retourner où il était; il va retourner journaliste!», lance Desjardins, amusé, lorsque joint par La Presse, hier. L'auteur-compositeur-interprète réprouve sans équivoque le projet du gouvernement bien qu'il admette qu'en région, la population est plus méfiante à l'égard des nouveaux arrivants. Un sentiment qui prend sa source dans l'ignorance plutôt que dans de véritables frictions relève-t-il. «On dirait que moins il y a d'Arabes, de musulmans, plus les gens en ont peur!», lance-t-il.

M. Desjardins a ajouté sa voix, hier, au mouvement opposé au projet soumis mardi par le ministre Bernard Drainville qui propose d'interdire le port de signes religieux "ostentatoires" chez tous les employés de l'État. La pétition «Pour un Québec inclusif» a recueilli rapidement l'appui de plus de 8000 personnes. On y décrit en termes très durs la stratégie du gouvernement Marois. Québec tente de racoler les électeurs en misant sur l'impact de reportages qui dépeignent «Montréal assiégée, envahie de demandes d'accommodements déraisonnables de la part d'immigrants intransigeants». «Au fil des ans, ils ont réussi à ancrer chez plusieurs de nos concitoyens une crainte réelle quant à la survie de l'identité québécoise», affirme le texte que cautionne le chansonnier.

«But électoraliste»

«Ouais, j'ai signé, c'est exact; je suis d'accord avec ce texte», observe l'artiste, joint par La Presse hier en fin de journée. Il est notamment d'accord avec une affirmation des pétitionnaires, qui constatent «avec regret que notre gouvernement cherche à exploiter cette peur dans un but électoraliste». «Je suis d'accord avec ça», tranche le chansonnier.

«Ce projet de loi ne passera pas!», prédit-il avec certitude, avouant ignorer quel impact aura cette controverse sur le projet souverainiste. Avec cette démarche, le PQ «s'aliène une partie de ses membres, va en chercher d'autres», estime-t-il.