Dans la foulée de la fusillade policière qui a coûté la vie à un jeune homme de Toronto dans un tramway, le gouvernement libéral de l'Ontario a décidé de permettre à l'ensemble des agents de première ligne de la province d'être armés d'un pistolet à décharge électrique.

Le Québec est maintenant la seule province au pays à ne pas avoir adopté une telle politique.

Ce sera aux services de police ontariens de décider s'ils équipent tous leurs policiers d'un pistolet à décharge électrique. Actuellement, le port de cette arme est réservé aux superviseurs et aux agents spécialisés, comme les membres des groupes tactiques et des équipes de sauvetage d'otages.

S'ils veulent fournir un pistolet de type Taser à tous leurs agents, les corps policiers devront aussi régler la facture. Étant donné que le pistolet se vend 1500 $ pièce, cela risque d'avoir un impact important sur les budgets municipaux.

Les chefs de police et les associations de policiers de l'Ontario demandent vainement depuis des années au gouvernement provincial d'étendre l'utilisation du pistolet à décharge électrique à tous les agents. La mesure est également recommandée par les enquêtes des coroners depuis 2004.

Le gouvernement libéral a assuré que la mort de Sammy Yatim n'avait rien à voir avec la volte-face de Queen's Park sur cette question, même si l'annonce a été faite un mois exactement après que le jeune homme eut été abattu par la police de Toronto.

La ministre ontarienne de la Sécurité communautaire, Madeleine Meilleur, a affirmé mardi que cette décision était le fruit de longues consultations et qu'elle devait au départ être dévoilée en juin.

Mme Meilleur a toutefois refusé de dire si elle pensait que le décès du jeune Yatim aurait pu être évité si la province avait adopté cette nouvelle politique plus rapidement. «Ce n'est pas une décision qui a été prise à la légère, a-t-elle déclaré. Nous avons tous vu ce qui est arrivé à l'aéroport de Vancouver.»

L'immigrant polonais Robert Dziekanski est décédé à l'aéroport en 2007 après que des policiers de la Gendarmerie royale du Canada eurent utilisé un pistolet Taser pour le maîtriser. Une enquête publique a conclu que le recours par les agents au pistolet électrique dans cette affaire n'était pas justifié.

Plusieurs corps policiers, dont la Police provinciale de l'Ontario et les Services de police de Toronto, ont indiqué qu'ils avaient l'intention d'équiper leurs policiers d'un Taser et de leur fournir de la formation à ce sujet. Le pistolet s'ajoutera à la matraque télescopique et au poivre de cayenne que les policiers transportent déjà avec eux.

L'usage de la force par la police en Ontario a été remis en question à la suite de la mort de Sammy Yatim. Le jeune homme de 18 ans a été atteint de plusieurs balles et a reçu des décharges électriques lors d'une confrontation avec des policiers torontois dans une voiture de tramway d'où les autres passagers étaient sortis.

Des vidéos de l'incident ont poussé des centaines de personnes à descendre dans les rues afin de réclamer justice.

L'Unité des enquêtes spéciales a ensuite accusé le policier James Forcillo de meurtre non prémédité. L'ombudsman de l'Ontario a également ouvert une enquête afin d'examiner les directives données par le gouvernement provincial aux services de police concernant les méthodes pour désamorcer les situations conflictuelles.