Les agences fédérales de sécurité ont resserré les procédures à la suite d'un scandale d'espionnage qui a fait la une des journaux, a affirmé lundi le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).

Cependant, Richard Fadden ne peut garantir que le sous-lieutenant Jeffrey Delisle sera le dernier initié à trahir des secrets délicats.

«Il s'agit d'un cas que nous avons intercepté. Je m'attends à ce qu'il y en ait d'autres au fil du temps, ici et parmi nos alliés», a déclaré M. Fadden devant un comité sénatorial, lundi.

La semaine dernière, Delisle a été condamné à une peine de 20 ans de prison après avoir reconnu avoir vendu, pendant plus de quatre ans, du matériel classifié à la Russie en retour de sommes d'argent.

«Est-ce que je pense que c'est catastrophique? Non, ça ne l'est pas», a affirmé M. Fadden. «Est-ce un événement qui nous pousserait à dire "Bon, c'est arrivé, et on va l'oublier"? Non plus. C'est quelque part entre les deux.»

Récemment établi dans un centre de renseignements à Halifax, Delisle avait accès à des informations que partageaient un groupe connu sous le nom des «Five Eyes»,et qui inclut le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'homme de 41 ans a utilisé des disquettes et des clés USB pour sortir des données privilégiées à l'extérieur du complexe.

«Je pense que ce qui nous sauve - s'il s'agit du bon mot - dans ces cas particuliers avec nos alliées, c'est le fait que chacun d'entre eux s'est retrouvé dans une situation semblable, un jour», a observé M. Fadden.

«Mais ceci dit, je crois qu'il existe un consensus parmi nous et nos alliés qu'il s'agit d'un incident qui, jusqu'à un certain point, est la goutte ayant fait déborder le vase. Et ça nous incite, ainsi qu'à nos proches alliées, à revoir les arrangements de sécurité qui ont été mis en place à l'intérieur de nos pays et entre nos pays.»

M. Fadden aimerait pouvoir rassurer les Canadiens qu'un événement comme celui impliquant Delisle ne se reproduira pas.

«Mais je ne peux pas.»

Il a reconnu que les officiels canadiens ignorent la nature exacte des informations que Delisle a remises aux Russes via un compte Internet.

«La technique que Delisle a utilisée lui a permis d'éliminer de façon efficace le matériel transféré après qu'il eut été reçu.»

Vendredi dernier, au lendemain du prononcé de la peine imposée à Delisle, le ministère de la Défense a assuré que la sécurité avait été améliorée, mais n'a fourni aucun détail spécifique.