Arrêté chez lui par l'Agence des services frontaliers au terme d'une perquisition de deux heures, Jean-Bernard Devilmé, espère tout de même rester au Canada. Ce ressortissant haïtien, père de quatre enfants canadiens, marié à une Québécoise, a passé les derniers mois dans la clandestinité: il avait reçu un avis d'expulsion vers son pays d'origine en décembre dernier. Son dossier est présenté au bureau de l'Immigration de Montréal cet après-midi.

Lorsque les agents des services frontaliers sont arrivés lundi après-midi à sa porte, Jean-Bernard Devilmé était seul chez lui. «Ils ont débarqué chez nous et ont cogné à la porte», raconte Mélanie Martel, sa femme.

Pris de panique, Jean-Bernard Devilmé trouve alors refuge dans son grenier. Mais les agents appellent la police en renfort, et finissent par entrer par la porte patio dans la maison, qu'ils passent au peigne fin. «Ça a duré deux heures», explique Mme Martel. Les douaniers mettent finalement la main sur son mari, et l'envoient au centre de prévention de l'immigration de Laval.

Depuis, la famille de M. Devilmé vit plongée dans l'inquiétude.

Si la demande de résidence permanente faite grâce à son parrainage est sur le point d'aboutir, Mélanie Martel craint que son mari ne soit malgré tout expulsé.

«J'aimerais vous dire que j'y crois, mais le système m'a toujours déçu. Présentement, je ne crois à rien», dit la jeune femme.

Prendre le risque de rester

Jean-Bernard Devilmé, 37 ans, a quitté Haïti avec sa famille alors qu'il n'avait que 13 ans. Il a d'abord vécu aux États-Unis, avant de devenir résident permanent au Canada. Il a eu quatre enfants avec sa première conjointe: ils ont aujourd'hui entre 10 et 15 ans, et sont restés très proches de leur père.

Jusqu'à l'automne dernier, Jean-Bernard Devilmé menait une vie tranquille auprès de sa femme, Mélanie Martel, avec qui il vit depuis 3 ans.

Mais tout bascule quand il apprend qu'il doit quitter le Canada, en novembre dernier: Jean-Bernard Devilmé avait perdu sa résidence permanente en 2003, en raison de délits commis au début des années 2000, mais il ne croyait pas qu'il serait expulsé.

Plutôt que de partir, il décide alors de rester.

«Il est resté ici, parce qu'il y avait le parrainage en cours. On ne s'est pas cachés, on a pris le risque», explique Mélanie Martel.

Jean-Bernard Devilmé apprendra cet après-midi s'il doit rester en détention à Laval, et s'il doit quitter le Canada.

Si c'était le cas, ses démarches de parrainage tomberaient alors à l'eau, craint l'organisme Solidarité sans frontières.