Des employeurs s'inquiétaient vendredi, alors que le fonctionnement de plusieurs chantiers était perturbé par des travailleurs de la construction mécontents et que des rumeurs insistantes faisaient état de débrayages à venir pour protester contre le projet de loi 33.

Rappelons que le projet de loi de la ministre Lise Thériault prévoit la fin du placement syndical sur les chantiers de construction. Il enlèverait aussi des sièges aux deux gros syndicats de l'industrie, la FTQ-Construction et le Conseil provincial des métiers de la construction, sur le conseil d'administration de la Commission de la construction.

Les deux organisations syndicales ont annoncé qu'elles allaient mener une lutte acharnée contre ce projet.

Vendredi, des travailleurs ont perturbé la bonne marche des travaux sur le chantier de l'autoroute 30, en Montérégie.

Le Conseil de l'industrie forestière du Québec a quant à lui annoncé que les travaux effectués chez les papetières Fibrek, Tembec et Fortress cellulose spécialisée avaient été retardés par des «débrayages illégaux».

«Ces débrayages entraînent des retards dans les travaux et des pertes financières importantes pour ces compagnies qui sont prises en otages par des syndicats du secteur de la construction, ce qui est inacceptable», a déclaré l'organisme dans un communiqué.

Des travailleurs auraient par ailleurs déserté les chantiers de l'autoroute 50 et de l'usine Fortress en Outaouais.

Dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Rio Tinto Alcan a fermé le chantier de son usine AP60, parce que des monteurs d'aciers circulaient sur les lieux sans respecter les règles de sécurité.

«Nous avons avisé les entrepreneurs que nous nous attendons à ce que tous les travailleurs soient là lundi et que le retour se fasse sécuritairement, dans le respect», a expliqué Claudine Gagnon.

Trois sources proches des syndicats de la construction ont confié à La Presse que le mot se passait sur les chantiers au sujet de débrayages la semaine prochaine, alors que débuteront les audiences publiques sur le projet de loi 33.

L'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec a fait écho à ces rumeurs dans un communiqué.

«Selon plusieurs sources, tout porte à croire qu'il y aura des perturbations sur les chantiers québécois lundi», a annoncé l'Association, en invitant les entrepreneurs à porter plainte à la Commission de la construction en cas de débrayage illégal.

Le Conseil du patronat a lancé un appel au calme, jugeant «inacceptable cette nouvelle tentative d'intimidation» et soulignant «les coûts importants qu'elle entraîne pour les donneurs d'ouvrage touchés».

La FTQ-Construction et le Conseil conjoint des métiers de la construction ont publié un communiqué dans lequel ils disent constater eux aussi que «des travailleurs et travailleuses de la construction ont décidé d'exprimer de diverses manières leur désaccord face au projet de loi». Ils n'ont pas souhaité faire plus de commentaires.

De leur côté, les syndicats minoritaires dans l'industrie, comme la CSN-Construction, la CSD-Construction, ainsi que le Syndicat québécois de la construction, appuient la plupart des aspects du projet de loi.

Avec la collaboration de Mathieu Bélanger, Le Droit.