«Ce voyage, ce n'est pas de la magie. Il reste beaucoup d'étapes à franchir. Les vieilles situations ne disparaissent pas parce qu'ils sont allés au Guatemala.»

Éric Lefebvre, intervenant au Carrefour jeunesse emploi du Sud-Ouest de Montréal a accompagné un groupe au Guatemala il y a un peu plus de deux ans. Il a le recul nécessaire pour déterminer si une telle aventure porte ses fruits à long terme.

En février 2008, il a amené six jeunes hommes présentant «plusieurs défis personnels» au Guatemala. Des Montréalais démunis, sans but précis dans la vie. En voyage, ils ont accompli un travail similaire à celui du groupe que La Presse a suivi en novembre dernier.

Éric suit toujours l'évolution de quatre des six participants. Et il est persuadé que l'expérience vaut l'investissement de temps et d'argent.

Deux des jeunes ont trouvé un emploi stable, et les deux autres sont retournés aux études. L'équilibre est fragile, mais il s'agit d'un pas de géant. Avant le voyage, pour ces adultes, mener une tâche de A à Z relevait du défi.

«On ne dit pas que dans les quatre mois après leur retour, ils se sont intégrés à la société et qu'ils ont changé. Ce n'est pas réaliste. C'est un bagage qui leur est utile le jour où ils décident de s'embarquer dans une autre étape de leur vie. Juste d'avoir réussi un projet au complet, c'est beaucoup. Ils savent qu'ils sont capables.»

Les voyages comme celui au Guatemala s'adressent à une clientèle particulière, dont le parcours est jalonné d'échecs. Des jeunes qui, de façon autonome, n'arriveraient pas à quitter le Québec et dont la confiance en soi est réduite à néant.

«C'est pour ces raisons que la taille du groupe est importante. Dans un petit groupe, de six ou sept jeunes, on peut les accompagner de façon individuelle. Certains veulent lâcher en cours de route. On est là pour les ramener. Ces jeunes-là ont besoin de cette énergie en plus. On les perdrait autrement. J'ai eu le temps de leur faire comprendre qu'ils peuvent réussir s'ils veulent», ajoute Éric.

D'après Christine Guay, directrice du CJE du Sud-Ouest, le défi est de «déstabiliser positivement» les jeunes adultes ciblés par le programme. Le reste leur appartient. «On leur dit: vous avez le choix. Vous pouvez revenir de là comme si vous aviez fait un voyage comme un autre, ou ce voyage peut vous transformer. C'est votre choix, explique Mme Guay. La majorité revient transformée.»