Un autre géant américain, Target, a annoncé sa venue au Canada en 2013. Or, Target propose aussi des hypermarchés avec produits frais, les SuperTarget.

«Il y a vraiment une guerre, a observé Sylvain Charlebois, spécialiste en politique et distribution alimentaire à l'Université de Guelph, en Ontario. Cela va probablement transformer le marché de l'alimentation au Canada d'ici 5 à 10 ans. Il y aura un effet positif sur les prix.»

Les petits détaillants vont devoir «se repositionner dans un marché de niche ou fermer», a-t-il prévu. Les grands comme Loblaws et Sobeys vont plutôt continuer de dorloter leur clientèle en offrant cours de cuisine, recettes, etc.

Au contraire, Louis Bolduc, directeur québécois des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), doute de l'effet Walmart: «Nous ne croyons pas que Walmart révolutionnera le marché de l'alimentation au Québec, a-t-il indiqué. Au Québec, la concurrence dans ce secteur a toujours été très forte. Le consommateur ne trouvera pas plus d'économies qu'il n'en trouve déjà chez Maxi et Super C.»

Walmart dit avoir fait ses devoirs: son équipe a visité les marchés publics, les SAQ, les supermarchés concurrents avant d'établir le concept de Supercentre au Québec. «On a été impressionné par la belle offre en alimentation au Québec, a dit Alex Roberton, porte-parole de Walmart. Pour nous, c'est important d'être à la hauteur des attentes des Québécois. C'est notre intention et notre promesse.»

***

Des travailleurs inquiets

«Qui va bénéficier de l'arrivée de Walmart dans l'alimentation au Québec? Pas les travailleurs, a tranché Jean Lortie, président de la Fédération du commerce de la CSN. C'est clair que les trois grands acteurs au Québec, Metro, Sobeys et Loblaw-Provigo, vont devoir réduire leurs frais d'exploitation. En général, ça se fait en réduisant les conditions de travail des gens.» Actuellement, les employés de supermarché au Québec gagnent de 9,50$ (salaire minimum) à 14$ l'heure, selon M. Lortie. «Nous sommes inquiets», a-t-il dit.