La multiplication des chantiers routiers ne mène pas la vie dure uniquement aux automobilistes: les chevaux sillonnant le Vieux-Montréal en font aussi les frais. Dans la foulée d'un nouvel incident, la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal appelle la métropole à interdire définitivement les calèches.

Mardi soir, un cheval est tombé à plusieurs reprises dans la rue Notre-Dame Ouest après avoir glissé sur une plaque de métal d'un chantier de construction à l'angle de la rue Peel. «Il ressemblait à Bambi sur la glace», s'exclame Tara Schulz, une Montréalaise qui a assisté à la scène. La femme, qui a diffusé des photos sur les réseaux sociaux, comprend mal pourquoi une calèche circulait en pleine heure de pointe alors qu'il faisait 34 degrés Celsius.

Cet incident a profondément indigné la SPCA Montréal. «Les chevaux de calèches n'ont pas leur place au centre-ville. De voir un tel incident, c'est triste, mais ce n'est pas étonnant», déplore Alanna Devine, directrice pour la défense des animaux de l'organisation.

La SPCA Montréal n'hésite pas à qualifier cette activité prisée des touristes de «forme subventionnée de cruauté envers les animaux». L'organisme déplore principalement les conditions de travail dans le Vieux-Montréal, les chevaux devant respirer les émissions des véhicules, ce qui provoque chez certaines bêtes des irritations respiratoires.

La multiplication des chantiers routiers pose aussi un danger accru pour les chevaux, qui risquent d'être victime d'accidents comme celui survenu mardi soir. La SPCA déplore aussi leurs conditions de vie dans les écuries, qui manquent selon elle de l'espace nécessaire pour permettre aux animaux de courir à leur guise.

Sur les réseaux sociaux, le maire Denis Coderre a dit avoir demandé un «rapport vétérinaire complet sur l'état de santé des chevaux de calèche». La Ville de Montréal a qualifié de «malheureux» l'incident survenu mardi soir.

La métropole dit qu'elle est «à tenter d'identifier des mesures qui pourraient faire en sorte qu'un tel incident puisse être évité à l'avenir, notamment une sensibilisation auprès des caléchiers, pour qu'ils évitent de passer sur des surfaces glissantes comme les plaques d'acier», écrit un porte-parole, Jacques-Alain Lavallée. L'utilisation de ces plaques d'acier est toutefois inévitable pour assurer la sécurité durant certains travaux, précise la métropole.

Étude en cours

Pour le moment, rien n'indique que Montréal compte interdire les calèches. Au contraire, l'arrondissement de Ville-Marie a confié il y a une semaine un mandat de 48 000$ à l'organisme Cheval Cheval pour mener une étude sur «la restructuration et la valorisation du patrimoine équin à Montréal».

L'une des responsables de l'étude, Audrey Lapointe, a indiqué que le mandat était de faire le portrait des activités équestres à Montréal et d'en évaluer le potentiel économique. Cette étude s'inscrit dans le cadre d'un projet de 8 millions de dollars qui pourrait être réalisé au parc Angrignon pour aménager, entre autres, une nouvelle écurie et un Musée du cheval.

La Ville a réduit de moitié le nombre de permis de calèches depuis 2007, les faisant passer de 47 à 24. Cette réduction est insuffisante, estime la SPCA, qui a lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour convaincre l'administration Coderre de l'interdire complètement. L'organisme invite ses sympathisants à écrire au maire et à deux de ses principaux élus, Pierre Desrochers et Anie Samson, afin de les inciter à bannir les chevaux des rues de la métropole.

Le conseiller de l'opposition Sterling Downey estime que Montréal devrait resserrer davantage encore l'encadrement des calèches pour améliorer la protection des chevaux. Et plutôt qu'offrir de telles balades aux touristes, la métropole devrait plutôt favoriser l'utilisation des vélopousses, comme ceux en service dans Hochelaga. «Quand un vélo a une crevaison, c'est pas mal moins grave qu'un cheval qui glisse et se brise la jambe», dit l'élu de Projet Montréal.

Montréal n'est pas la seule à soulever un tel débat. Le maire de New York, Bill de Blasio, a présenté à la fin de 2014 un règlement afin de bannir les calèches dès 2016. Depuis, il a toutefois laissé entendre qu'il cherchait à s'entendre avec cette industrie qui emploie 300 personnes dans la métropole américaine.