Le verdissement et la lutte contre l'agrile du frêne s'accélèrent à Montréal: l'administration Coderre a annoncé hier un investissement de 12,9 millions visant à atteindre les objectifs de plantation d'arbres et à combattre l'insecte ravageur.

De cette somme, 5,1 millions iront directement à la lutte contre l'agrile du frêne, dont l'évolution est «exponentielle», selon le parti d'opposition Projet Montréal. De huit arbres contaminés en 2011, Montréal est passé à 572 frênes infectés en date d'hier. Il y a deux ans, ce chiffre s'établissait à 149.

Pour le conseiller de Projet Montréal Sylvain Ouellet, les ravages que cause l'insecte sont en partie attribuables à l'absence de ligne directrice dans le dossier. «Il n'y a pas de stratégie, pas de priorisation», a-t-il dénoncé.

Réal Ménard, responsable du développement durable au comité exécutif, a annoncé la présentation cette semaine d'un plan visant à centraliser la lutte contre l'agrile du frêne.

Vers une augmentation de la canopée

Un plan de verdissement de 7 millions prévoit que la métropole profiterait en 2025 de 240 000 arbres de plus qu'actuellement. En clair, le conseiller Ménard a dit souhaiter faire passer l'indice de canopée de Montréal de 20% à 25%. «C'est un objectif ambitieux», a-t-il reconnu, avant d'ajouter qu'un tel rythme permettra de compenser la perte d'arbres liée à l'abattage de frênes contaminés.

En 2015, la Ville prévoit abattre 1077 frênes dans les arrondissements et les parcs, parfois par mesure curative, parfois sur le plan préventif.

Des 7 millions, 2 sont destinés à la plantation d'arbres «de remplacement» dans les arrondissements. «Les fonds seront à la disposition des arrondissements en proportion des arbres à abattre», a déclaré Réal Ménard. Autrement dit, plus un arrondissement investira dans l'abattage, plus l'enveloppe qu'il recevra sera importante pour remplacer les arbres abattus.

Extension au domaine privé

La Ville de Montréal étend au domaine privé son combat en vue de sauver les frênes de la métropole.

Reconnaissant qu'il ne sert à rien de lutter contre l'agrile du frêne sur les arbres du domaine public si ceux qui poussent à proximité sur des terrains privés sont infestés, la Ville adoptera un règlement qui obligera les propriétaires à agir, tout en leur fournissant un soutien financier pour le faire.

Ce règlement, qui visera les propriétaires situés dans les zones où la présence de l'insecte ravageur a été dépistée, obligera ceux-ci à traiter leurs frênes et, s'ils sont gravement atteints, à les abattre et à en disposer de manière sécuritaire.

Les permis d'abattage seront livrés sans frais et la Ville met de côté une enveloppe d'un million de dollars pour couvrir les frais de traitement.

C'est la ville-centre qui s'occupera de tous les terrains boisés où l'on retrouve plus de 25 frênes et les arrondissements auront la responsabilité des terrains privés où l'on retrouve 25 frênes ou moins.

Quelque 100 000 citoyens des zones désignées recevront une correspondance pour les informer de la nécessité de poser ces gestes.

La démarche de Montréal devrait par ailleurs être imitée par 14 villes liées de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM).

La région de Montréal est l'une des rares en Amérique du Nord qui a réussi à sauver plusieurs frênes avec les traitements de pesticides, alors que plusieurs autres ont dû se résigner à tous les abattre systématiquement.