Les taxis montréalais présenteront une apparence distinctive et seront obligatoirement dotés de caméras de sécurité à partir de la fin de l'année, a promis hier le maire de Montréal, Denis Coderre, sans toutefois s'avancer sur le coût de ces mesures.

Les engagements, qui font partie de la Politique sur l'industrie du taxi devant être adoptée en août, n'ont pas encore été chiffrés à la Ville. Mais certains des moyens qui leur permettront de voir le jour ont déjà été présentés.

« On a parlé de publicité à l'intérieur des voitures et il faudra explorer davantage cette solution », a déclaré M. Coderre devant une poignée de représentants de l'industrie du taxi. « La Ville mettra en place un fonds de développement. Nous effectuons aussi des démarches afin d'offrir aux chauffeurs une assurance collective », a-t-il ajouté, se gardant toutefois d'associer une somme à la nouvelle politique. L'exercice, pourtant, a déjà été fait par l'industrie : celle-ci estime que l'installation de caméras coûterait un peu moins de 3,5 millions pour l'ensemble de la flotte actuelle.

LA SÉCURITÉ D'ABORD

Caméra obligatoire, système de géolocalisation intégré aux voitures et paiement électronique : voilà des moyens qui permettront d'augmenter la sécurité des chauffeurs et des utilisateurs de taxi, a assuré le maire, qui avait promis une politique pour les taxis à la suite du meurtre du chauffeur Ziad Bouzid, assassiné dans sa voiture en novembre 2013.

Denis Coderre s'est aussi engagé à ce que les données recueillies par les caméras ne soient utilisées qu'en cas d'enquête policière, à la manière d'une boîte noire. « La gestion des données se fera par les policiers. [...] On s'assurera que ce soit fait de manière professionnelle », a-t-il affirmé.

Au sujet de l'apparence des voitures, le maire s'est dit « bien d'accord » avec l'implantation d'« une signature unique avec une couleur universelle ou un signe distinctif ». Une signature qui serait idéalement appliquée sur une flotte comptant de plus en plus de voitures électriques, a-t-il précisé.

L'INDUSTRIE NE SE RÉJOUIT PAS ENCORE

Dans l'industrie du taxi, on voit la politique d'un bon oeil, mais on ne se réjouira pas tant qu'elle n'aura pas été chiffrée.

« L'agression physique, c'est criant, mais la situation financière, c'est une mort lente. »

- Max-Louis Rosalbert, président du Regroupement des propriétaires et chauffeurs de taxi de Montréal

« Les caméras, ça ne peut pas être mauvais, ça peut aider, poursuit-il. Mais la finance, c'est très important. Surtout quand il [Denis Coderre] parle de voitures vertes. Ça coûte cher. »

Selon lui, une subvention « substantielle » des trois ordres de gouvernement couvrirait 40 % des coûts des nouvelles mesures. « Ils ont mis tellement de concurrence sur notre chemin, avec [le système d'autopartage] Car2Go, BIXI, l'autobus 747 [vers l'aéroport]. Nous, on n'a jamais eu d'aide. »

L'augmentation des tarifs pour les utilisateurs n'est pas non plus à exclure. « Est-ce que ça va être une petite marge de plus sur le compteur ? On ne sait jamais », a avancé Dory Saliba, président du Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi. Le directeur des services spécialisés de Taxi Diamond, Mohamed Taïbi, croit quant à lui que l'idée d'augmenter les tarifs est mauvaise. « L'industrie est un peu malade, a-t-il admis. Mais si on augmente, même si c'est pour une bonne cause, je pense que l'achalandage va en souffrir. »