Le favoritisme demeure un problème bien réel dans les nominations à la Ville de Montréal, dénonce la Commission de la fonction publique de Montréal (CFPM). Son rapport annuel 2013 relève plusieurs nouveaux cas d'employés ayant obtenu des postes sans avoir les compétences requises.

Chien de garde des processus d'embauche à Montréal, la CFPM avait dénoncé l'an dernier le favoritisme au sein de l'appareil municipal. Elle dit avoir reçu de nombreuses nouvelles plaintes à ce sujet en 2013.

Le rapport s'attarde notamment sur deux plaintes faites à l'endroit de l'arrondissement de Montréal-Nord, qui avait déjà été montré du doigt dans le passé pour le même problème. Ainsi, un candidat qui avait échoué lors de la première entrevue a tout de même été invité à passer à la seconde étape du processus de sélection, contrairement à ce que prévoient les règles.

Après un nouvel échec du candidat lors de la deuxième étape, la direction de l'arrondissement de Montréal-Nord a décidé de nommer de façon temporaire une autre personne en attendant que la première suive une formation, «un autre geste empreint de favoritisme». Pourtant, la Commission souligne qu'une troisième personne avait réussi les deux étapes sans que sa candidature soit retenue pour autant.

Le rapport s'attarde aussi à la nomination, en 2011, d'une personne à un poste de cadre administratif «compte tenu de son parcours professionnel à titre de personnel politique à la Ville de Montréal». La Commission invite la métropole à élaborer une directive encadrant les conditions à respecter lorsqu'un membre du personnel politique désire accéder à un poste administratif de la Ville de Montréal.

La CFPM a salué la décision de la métropole de considérer dorénavant les membres du personnel politique comme des candidats externes, mais croit toutefois qu'on devrait aller plus loin. Elle suggère de s'inspirer des règles en vigueur au gouvernement du Québec, où un membre du personnel politique doit démissionner de son poste et respecter un délai avant d'accéder à un poste administratif.

Invitée par la CFPM à prendre position, l'administration Coderre dit qu'elle prendra d'abord connaissance de son rapport, mais s'engage déjà à éviter ces pratiques. «S'il y a effectivement du favoritisme, ce sont des choses qui devront changer. On est entrés à l'hôtel de ville en voulant s'assurer de l'intégrité, et l'intégrité, c'est pas juste dans comment on gère les contrats», dit Pierre Desrochers, président du comité exécutif.

RAPPORT DÉTAILLÉ ATTENDU

La Commission prévient qu'elle prévoit déposer au cours du printemps un rapport détaillé sur le favoritisme dans les nominations à la Ville de Montréal afin d'évaluer les mesures prises pour contrer le phénomène.

En effet, ce n'est pas la première fois que la CFPM dénonce le favoritisme au sein de l'appareil montréalais. En février 2013, sa présidente Sylvie Farand avait fait une sortie remarquée. Dans son nouveau rapport, elle accuse l'ancienne administration de Michael Applebaum d'avoir menti l'an dernier au conseil municipal en affirmant être en accord avec 79 % de ses recommandations.

«Dans les faits, seulement 19 % des recommandations ont été mises en application. Ce faible taux révèle une indifférence troublante à l'égard des employés et des valeurs d'équité, d'impartialité et de transparence», écrit Mme Farand.

En 2013, la CFPM dit avoir reçu 57 plaintes, menant à 20 avis de non-conformité. Mme Farand estime que ce nombre ne représente pas la réalité, de nombreux fonctionnaires ayant trop peur de se plaindre. «Certains employés, en particulier des cadres, croient qu'une démarche pour porter plainte sera vaine ou même susceptible de nuire à la progression de leur carrière.»

Mme Farand continue à réclamer davantage de pouvoirs pour traiter les plaintes qui lui sont adressées. «Encore en 2013, un nombre limité de plaignants ont obtenu réparation.»