Trop peu, trop cher. Projet Montréal condamne la décision de faire de la rénovation du restaurant Hélène-de-Champlain l'un des «legs majeurs» du 375e anniversaire de la métropole. Un cadeau dont ne profitera pas la majorité de la population, dénonce le chef de la deuxième opposition, Richard Bergeron.

La Presse a révélé hier que les coûts de la rénovation du bâtiment patrimonial, construit en 1930, étaient passés de 7,3 à 16,4 millions. Deux évaluations de coûts avaient omis d'inclure les taxes, les frais pour gérer le chantier et un fonds de prévoyance. La forte présence d'amiante a aussi fait gonfler la facture.

«C'est excessif comme coût et si ça doit être un legs, c'est trop petit», a dénoncé Richard Bergeron. «Si l'Hélène-de-Champlain est un legs, c'est bien mal parti pour 2017.» Le chef de la deuxième opposition ne voit pas en quoi la rénovation à grands frais d'un restaurant de luxe représente un cadeau pour toute la population. «Nous, le bon peuple, quand on va aux îles, c'est seulement pour bénéficier de ce qu'il reste de beauté.» M. Bergeron ajoute que le projet représente une «concurrence déloyale» pour les restaurateurs de Montréal.

Le responsable du 375e, Michel Bissonnet, a indiqué jeudi que la rénovation ne représentait pas un legs de la Ville, mais bien de la Société du parc Jean-Drapeau. Et ce même si Montréal paie la facture. Quant à l'explosion des coûts, l'élu a refusé de se prononcer. «C'est une opération pour que quatre promoteurs puissent faire à nouveau du Hélène-de-Champlain une plaque tournante de la gastronomie», a-t-il simplement dit.

L'opposition officielle ne compte pas en rester là. La chef de Vision Montréal, Louise Harel, compte profiter de l'étude du budget en décembre pour questionner l'administration municipale sur ce dépassement de coût ainsi que sur les revenus anticipés par la Ville et la Société du parc Jean-Drapeau.

Louise Harel a par ailleurs dénoncé l'«incompétence grave» des consultants embauchés pour évaluer les coûts du projet, invitant la Société du parc Jean-Drapeau à recourir à l'avenir à l'expertise interne de la Ville. Questionnée sur les importantes omissions de son évaluation du coût des travaux réalisée en 2010, la firme SNC-Lavalin a assuré par courriel avoir «fourni à son client un rapport contenant tous les détails requis».