Devant les protestations de certains arrondissements qui crient famine, le numéro 2 de la Ville de Montréal, Michael Applebaum, en rajoute: «Ils doivent couper, il y a de la place pour le faire. Je sais que c'est difficile, mais ils ont des choix à faire.»

D'ici à 2013, on prévoit éliminer plus d'un millier de postes, a annoncé hier le président du comité exécutif lors d'une longue entrevue avec La Presse.

Pour y arriver, l'administration centrale a décrété cette semaine un gel des embauches et des honoraires professionnels. Seuls les postes vacants essentiels seront comblés. Les arrondissements devront quant à eux se départir des employés qu'ils n'ont pas les moyens de se payer, a-t-il prévenu.

Ratio cadres/employés

Manifestement, le bras droit du maire Gérald Tremblay digère mal les sorties répétées des arrondissements, essentiellement les six dirigés par un maire d'un parti de l'opposition, qui ont alterné pendant l'été menaces de diminutions de services et appels à l'aide.

«Quand un arrondissement dit qu'il doit couper du personnel à cause de moi, je comprends: oui, ils doivent couper. Cinquante pour cent de nos budgets, c'est pour du personnel. Si on est responsable, il y a des décisions difficiles à prendre, mais il faut les prendre.»

Le nombre d'employés par cadre est beaucoup trop bas dans la plupart des arrondissements, estime-t-il. Alors que l'administration centrale est en bonne voie d'atteindre son objectif de 13 employés par cadre, les arrondissements oscillent entre 4,6 et 14,2 employés. M. Applebaum rappelle en outre que les budgets transférés aux arrondissements - le «montant d'équilibre» - ont augmenté de 7,8 % entre 2006 et 2011, passant de 790 à 852 millions.

Surplus de 6 millions

L'élu municipal, qui a annoncé en juillet dernier que la Ville se dirigeait vers un déficit de 84 millions, avait par ailleurs de bonnes nouvelles hier. Il a assuré que l'opération de compressions engagée cet été avait permis de renverser la vapeur, avec le résultat qu'on prévoit boucler l'année 2011 avec un surplus de six millions. On a notamment dégagé 48 millions en réduction de dépenses, 37 millions en gel de certains budgets administratifs et 6,5 millions en frais de financement.

L'administration centrale a en outre mis la main sur 4 des 12,7 millions en surplus engrangés par les arrondissements pour le déneigement. «Mais ce n'est pas suffisant, dit M. Applebaum. Notre objectif, c'est un surplus de 50 millions. C'est 1,1 % de notre budget, comme si quelqu'un qui gagne 100 000 $ mettait de côté 1000 $. Ce n'est pas beaucoup.»

À la recherche de 250 millions

Engagée dans une plus large opération de rationalisation qui vise à trouver 250 millions en deux ans, la Ville de Montréal est en droit de s'attendre à ce que ses 19 arrondissements mettent la main à pâte, estime M. Applebaum.

Il évalue l'effort demandé à 36 millions. «Pour donner cet argent aux arrondissements, comme ils me le demandent, il faudrait hausser de 1,2 % les taxes. Je me suis engagé à ne pas augmenter les taxes plus haut que l'inflation, répète-t-il. Je gère des fonds publics, ce n'est pas mon argent.»

La chasse aux économies est loin d'être terminée, prévient l'élu municipal. Son administration est toujours engagée dans une restructuration visant à ramener l'administration municipale à sa mission première. «Si on nous demande d'assurer des services qui ne sont pas de notre ressort, comme l'immigration, la sécurité alimentaire ou le développement social, nous voulons un financement approprié.»