La revitalisation du quartier Griffintown est l'occasion parfaite pour doter Montréal d'un quartier où la voiture est reléguée au second plan. Voilà ce qu'a fait valoir hier Owen Rose, architecte et président du Centre d'écologie urbaine de Montréal.

En marge de la semaine En ville sans ma voiture, le Centre d'écologie urbaine a organisé un symposium sur les quartiers sans voitures, au Goethe-Institut. Des panélistes d'Allemagne et de Norvège ont expliqué comment des parties entières de certains quartiers arrivent à minimiser l'usage de la voiture sur une base permanente, notamment en réduisant au maximum les espaces de stationnement.

Sans y instaurer à proprement parler un «quartier sans voitures», M. Rose croit que Montréal a une chance unique de bâtir un quartier du XXIe siècle à Griffintown. «À Griffintown, on revitalise une friche industrielle et c'est la meilleure place pour mettre en place ces idées-là. Alors, on dit aux promoteurs: mettez la barre haute. Pourquoi ne pas s'inspirer de certains quartiers de Copenhague ou de Stockholm? Soyons du XXIe siècle.»

«Il nous faut moins de stationnements pour les voitures, et plus de places de stationnement pour les vélos, plus de place pour les piétons, un accès facile au tramway, au bus, au métro, note-t-il. Les gens qui vivront à Griffintown doivent pouvoir se dire: «Hé, je n'ai pas besoin de voiture.»»

Griffintown, ancien quartier industriel juste à l'ouest du Vieux-Montréal, est le lieu d'un important projet immobilier de 475 millions. L'entreprise Devimco projette de n'y construire que 300 places de stationnement souterrain pour 1375 logements en copropriété. Il s'agit d'une proportion plutôt faible.

«C'est bien, mais il faut toujours mettre la barre haute, toujours se donner une vision, note Owen Rose. Un quartier sans voiture, ça semble radical, mais tous les anciens quartiers centraux, le Plateau et Rosemont par exemple, étaient plus ou moins des quartiers sans voitures avant la Deuxième Guerre mondiale.»

Certains participants ont expliqué hier que dans les exemples européens, il était toujours plus facile de créer une zone sans voitures dans de nouvelles constructions que dans des immeubles existants.

«On ne peut pas dire à des gens qui habitent dans une rue depuis des années: «Voilà, maintenant vous devez vous débarrasser de votre voiture», affirme Markus Heller, architecte et président de l'organisme allemand Autofrei leben. Mais dans un nouveau projet, tout est possible. C'est une occasion à saisir.»