La juge Mélanie Hébert a suivi la recommandation commune de la Couronne et de la défense en imposant au chanteur Luck Mervil une peine de six mois avec sursis, assortie d'une probation de un an. Il sera toutefois inscrit dans le Registre des délinquants sexuels pendant 20 ans.

L'artiste de 50 ans avait plaidé coupable le 14 mai dernier à un chef d'accusation d'exploitation sexuelle pour des gestes commis en 1996 à l'endroit d'une adolescente de 17 ans, qui était à l'époque la gardienne de ses enfants et vis-à-vis de qui il était en situation d'autorité. Luck Mervil était alors âgé de 28 ans.  

À sa sortie de la salle d'audience, Luck Mervil s'est dit «soulagé». Il a réitéré ses «sincères excuses à la personne qui a porté plainte», «parce que ça prend du courage et elle l'a fait, a-t-il dit. Maintenant, moi j'ai eu sentence, je veux la vivre et j'espère que cette femme et sa famille pourront aussi reprendre leur vie.» 

M. Mervil pourra purger sa peine dans la collectivité. Durant les trois premiers mois de la peine, M. Mervil sera assigné à résidence 24h sur 24h. Il y aura des exceptions. Outre la permission de sortir de chez lui «pour fins d'emploi légitime et rémunéré», il pourra aussi faire ses courses (une fois par semaine, pendant 3h) et assurer les déplacements liés à la garde de son garçon. Il devra toutefois respecter un couvre-feu de 23h à 6h du matin.

La juge Hébert a rappelé les faits marquants de cette histoire, en insistant sur les conséquences subies par la victime, que nous ne pouvons identifier. «Le plaidoyer de culpabilité est un facteur atténuant, a fait valoir la juge Hébert. Le fait que Luck Mervil n'ait pas d'antécédents judiciaires, exprime des remords et présente ses excuses pour les gestes commis est également un facteur atténuant», a-t-elle dit.

Dans une vidéo de 3 min 30 intitulée «Les mots dits», diffusée sur YouTube quelques minutes après le prononcé de la sentence, Luck Mervil offre de nouveau ses «profondes et sincères excuses» à la victime, à sa propre famille, à la communauté haïtienne et au peuple québécois, tout en réglant ses comptes avec les médias, qu'il accuse d'avoir «manqué de rigueur».

> Voyez la vidéo de Luck Mervil

«Je veux mettre les pendules à l'heure, dit-il, en prenant soin de clarifier l'accusation d'exploitation sexuelle, «qu'il ne faut pas confondre avec proxénétisme». «J'ai plaidé coupable parce que j'ai eu une relation avec une personne de 17 ans et demi alors que j'avais 28 ans et que j'étais en situation d'autorité. Je ne veux pas minimiser ce que cette femme a vécu, mais je veux rétablir les faits.»

Il affirme que l'accusation de viol à l'endroit de la plaignante a été retirée il y a près d'un an, à la suite de l'enquête préliminaire. «Les médias le savaient et ils ne vous en ont pas fait part, ils ne vous en ont pas parlé», martèle-t-il, contredisant ainsi le témoignage de la victime, qui a clairement parlé d'agression. « Je pense m'être battue, mais je n'ai pas réussi à me sortir de son emprise. Il a réussi à me violer » avait-elle dit lors de cette enquête, affirmant «lui avoir dit non au moins 60 fois.»

Le chanteur, qui travaille à l'écriture d'une comédie musicale (une information qu'il a partagé avec la juge Hébert), conclut sa vidéo en donnant rendez-vous à ses fans dans une semaine. «Je vous dirai ce que j'ai pensé de la façon d'agir des médias et de leur manque de rigueur. Je pense qu'en tant que citoyen, on a le droit d'avoir des nouvelles rapportées de façon juste.»