L'ancien chef guerrier des Hells Angels Maurice Boucher a plaidé coupable ce matin à une accusation de complot pour meurtre contre le caïd Raynald Desjardins.

Maurice Boucher, 64 ans, devait commencer à subir son procès à compter du 30 avril au Centre de services judiciaires Gouin.

Boucher est déjà condamné à vie. Il est détenu à l'Unité spéciale de détention (USD) du pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines depuis le début des années 2000 pour le meurtre de deux gardiens de prison commis à la fin des années 90. 

Il avait été de nouveau arrêté au pénitencier et accusé de complot de meurtre lors d'une importante opération policière qui a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015. Dans cette affaire, Maurice Boucher aurait comploté avec deux autres individus, une personne de son entourage et une connaissance. 

«Si y vient icitte, on va pouvoir le tuer»

Selon un résumé des faits lu par le procureur de la Poursuite, Me Matthew Ferguson ce matin, c'est le 11 juillet 2015 que le complot a commencé. Maurice Boucher a alors demandé à une personne venue le visiter de livrer un message à une connaissance voulant qu'il pourrait arranger l'assassinat de Raynald Desjardins - en échange d'argent - au pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, à la suite du transfert de ce dernier du Centre régional de réception. Desjardins venait, dans les jours précédents, de plaider coupable d'avoir comploté le meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna commis en 2011, et il attendait de recevoir sa sentence.

«Tu diras euh, que c'est... quand y parlait l'autre jour à la T.V.... ces affaires-là, euh, Raynald Desjardins. Dans les affaires de la mafia. Si y vient icitte, je connais quelqu'un moi qui peut tuer si y veut», dit Maurice Boucher, en faisant le geste de piquer et en frottant son pouce et son index, en mimant le symbole de l'argent. «Parce que d'après-moi, y va venir icitte. S'il vient icitte, on va pouvoir (chuchotement) le tuer», ajoute Maurice Boucher.

Dix jours après cette conversation, l'interlocuteur de Maurice Boucher a rencontré la connaissance. Le 26 juillet, il est revenu visiter Maurice Boucher et lui a dit avoir «des nouvelles» de l'autre, et qu'il était d'accord. Il y a alors eu une autre conversation portant notamment sur l'endroit où serait détenu Desjardins.

«Il y a des places icitte où qu'ils vont l'envoyer. Ben moi (en faisant un geste manuel invitant quelqu'un à s'approcher) m'a dire: Aïe, viens t'en avec nous autres! T'sais pour que l'autre....» a ajouté Boucher, en mimant l'acte de poignarder.

«Ça va pas ben»

Boucher a été filmé et écouté à son insu par les policiers dans le parloir du pénitencier.

Le 9 septembre, les policiers ont envoyé un agent double à la connaissance de Boucher, en lui faisant croire que c'est son frère qui avait le contrat pour assassiner Desjardins.

Trois semaines plus tard, TVA a révélé que la police avait éventé un complot pour tuer Raynald Desjardins, ce qui avait provoqué des réactions chez Boucher et les autres personnes présumément impliquées. Trente minutes après la diffusion de la nouvelle, une des personnes a envoyé un message à la deuxième. Les deux se sont ensuite données rendez-vous et rencontrées durant une demi heure.

Le lendemain, une des deux a visité Maurice Boucher au pénitencier en lui disant: «Ça va pas ben», et en lui expliquant qu'un homme s'était présenté chez la connaissance pour lui demander de l'argent et lui dire que c'est son frère qui ferait le contrat. Boucher a répondu qu'une personne dans l'histoire travaillait pour la police. Boucher a été arrêté le 19 novembre 2015 et accusé de complot pour meurtre.

Ce matin, il a admis avoir été l'instigateur du complot et de s'être servi d'une autre personne pour faire le lien avec la connaissance.

Les plaidoiries sur la peine de Maurice Boucher auront lieu le mois prochain. La poursuite et la défense ont toutefois annoncé ce matin qu'ils se sont déjà entendus sur une sentence (suggestion commune) qui devra être entérinée ou non par le juge Éric Downs de la Cour supérieure.

Maurice Boucher, les cheveux blancs, sans barbe et portant des lunettes, a paru détendu durant l'audience.

L'ancien motard qui ne fait officiellement plus partie des Hells Angels, fait toujours face à des accusations d'agression armée et de voies de fait graves dans un autre dossier de violence contre un codétenu.

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