L'un des ultimes chapitres de la saga judiciaire de Guy Turcotte s'est joué mardi à la Cour d'appel du Québec. Le sort de l'ex-cardiologue est maintenant entre les mains du plus haut tribunal de la province qui devra déterminer si le délai de 17 ans d'inadmissibilité de Guy Turcotte avant une libération conditionnelle est déraisonnable.

Cet après-midi, c'était au tour du procureur de la Couronne René Verret de plaider devant les trois juges de la Cour d'appel pour défendre la décision du juge Vincent. Guy Turcotte savait « exactement ce qu'il faisait », a fait valoir Me Verret en rejetant la thèse de la maladie mentale soutenue par l'appelant.

« Il y a une évacuation de tout aspect relatif à la santé mentale dans l'élaboration de la peine dite adéquate », avait souligné plus tôt dans sa plaidoirie l'avocat de Guy Turcotte, Me Pierre Poupart.

Guy Turcotte était « très malade » et avait une « pensée tordue par sa souffrance », selon son avocat. « Celui qui est le plus terrorisé de ce qu'il a fait, c'est lui ! », s'est exclamé Me Poupart.

Me Poupart a insisté sur le fait que Guy Turcotte a été condamné à la prison à perpétuité. « Jusqu'à son dernier souffle, [...] M. Turcotte sera en liberté surveillée. C'est extraordinairement important de s'en rappeler », a-t-il affirmé.

« Est-ce qu'il a voulu tuer ses enfants pour se venger d'elle ? Il n'y a pas de preuve », a plaidé Me Poupart. Le juge de la Cour d'appel Allain R. Hilton venait de dire que la « véritable victime visée n'était pas les enfants », mais plutôt son ex-femme Isabelle Gaston. Les autres juges sont Claudine Roy et Marie St-Pierre.

« Ça m'a volé beaucoup d'années », confie Isabelle Gaston

L'ex-femme de Guy Turcotte et mère des victimes, Isabelle Gaston, a assisté à l'audience ce matin, entourée de plusieurs proches.

Elle était sereine, mais aussi émotive, lorsqu'elle s'est présentée devant les médias en marge de l'audience de Guy Turcotte en Cour d'appel. « C'est mon rôle de parent d'être là jusqu'à la fin de ma vie », a-t-elle dit.

La mère des deux victimes a balayé du revers de la main les arguments de l'appelant concernant l'état mental de Guy Turcotte. « Si on diminue la sentence pour un trouble d'adaptation, on s'expose à l'explosion de violence dans la population », a-t-elle déploré.

« Je n'ai pas beaucoup dormi. Ce que je trouve difficile, c'est qu'il y a une partie de mon cerveau qui pense que c'est hier. Quand je vais faire du ski avec mes amis et que leurs enfants sont en secondaire 3... où serait rendu mon fils... et ma fille qui serait en 6e année... C'est là que je trouve ça difficile. Ça m'a volé beaucoup d'années la longueur des procédures », a confié Isabelle Gaston, la voix cassée par l'émotion.

Rappel des faits

Absent de l'audience ce matin, Guy Turcotte est détenu dans un pénitencier depuis sa condamnation en décembre 2015 au terme de son second procès ultramédiatisé.

Rappelons qu'il avait été reconnu coupable d'avoir tué de « sang-froid » à coups de couteau ses enfants de cinq et trois ans, Olivier et Anne-Sophie, le 20 février 2009.

Il avait été déclaré non criminellement responsable pour troubles mentaux à son premier procès en juillet 2011. Ce verdict avait été renversé par la Cour d'appel et avait mené à un second procès.

Guy Turcotte a renoncé à faire appel du verdict de meurtre non prémédité. Il a toutefois interjeté appel il y a deux ans du délai préalable à la présentation d'une demande de libération conditionnelle. La défense avait suggéré une peine minimum de moins de 15 ans, plus près de 10 ans.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Guy Turcotte en 2015