Emprisonné depuis 15 ans pour un meurtre qu'il prétendait ne pas avoir commis, l'ex-policier Michel Usereau a finalement reconnu sa culpabilité, vendredi, en Cour supérieure.

Plutôt que de subir un troisième procès,  l'homme qui a maintenant 50 ans a plaidé coupable à une accusation réduite de meurtre au deuxième degré, et de voie de fait avec arme à feu. Ce faisant, il a admis que c'est bien lui qui a tiré sur Jean-Jacques Melkonian et la conjointe de ce dernier, Stéphanie Fragman, le soir du 20 mars 2001, à Montréal.

Lors des procès précédents le ministère public soutenait que M. Usereau avait ainsi voulu éliminer son compétiteur dans le domaine des agences de sécurité. À l'époque, M. Usereau avait mis sa carrière de policier à Sainte-Thérèse de côté, pour se consacrer pleinement à son travail à l'agence Excel, pour laquelle M. Melkonian avait aussi travaillé. Au moment du crime, M. Melkonian n'était plus à l'emploi d'Excel et avait fondé sa propre agence. Il a été abattu quelques jours après avoir assuré la sécurité d'un rave au CEPSUM, contrat que M. Usereau avait tenté d'obtenir pour Excel.

Vendredi, M. Usereau s'est excusé à la famille et à la Cour, et a soutenu que son intention, ce soir-là, était d'intimider M. Melkonian, et non de le tuer.

Des membres de la famille de la victime, de même que Mme Fragman, ont livré des témoignages émouvants. Mme Fragman s'est adressé à M. Usereau en le regardant droit dans les yeux, et en pleurant. Lui aussi a pleuré.

Capuchon

Le meurtre est survenu tard dans la soirée du 20 mars 2001, alors que M. Melkonian et sa conjointe s'apprêtaient à rentrer chez eux, rue Drolet, près du Carré Saint-Louis. Un homme encapuchonné s'était approché et une altercation s'en est suivie. M. Melkonian a reçu une balle dans la tête. Voulant défendre son conjoint, Mme Fragman avait sauté sur l'agresseur, si bien qu'elle a été frappée et a reçu une balle à l'épaule. Toutefois, dans l'échauffourée, elle avait arraché le capuchon de l'agresseur. C'est cette pièce à conviction qui allait mener à l'arrestation de M. Usereau, un spécialiste en arts martiaux, un an et demi plus tard. Son ADN s'y trouvait. 

Une peine de 15 ans

Le meurtre au deuxième degré entraîne une peine de prison à vie, mais il revient au juge de fixer la période de détention obligatoire avant de pouvoir s'adresser à la Commission des libérations conditionnelles. La procureure de la Couronne, Catherine Perreault, et l'avocat de la défense, Patrick Davis, ont proposé de fixer cette période à 15 ans. Le juge Marc David  a entériné la proposition. M. Usereau, qui a purgé plus de 15 ans de prison, pourra donc s'adresser rapidement à la Commission des libérations conditionnelles.