L'ex-douanière Stéfanie McClelland a écopé ce matin d'une peine de 11 ans de pénitencier pour son rôle dans un complot d'importation et de contrebande d'une «quantité astronomique» de cocaïne d'une valeur de 6 à 10 millions de dollars au poste frontalier de Lacolle en 2014. Le juge André Vincent n'a trouvé «aucune circonstance atténuante» pour épargner une peine sévère à cette mère monoparentale de quatre jeunes enfants.

Ses crimes ont été commis le 2 décembre 2014, alors qu'elle travaillait à la guérite Nexus du poste frontalier de Lacolle. Strictement encadré, le programme Nexus permet aux voyageurs d'accélérer leur passage à la frontière canado-américaine. Ce jour-là, la douanière avait échangé plusieurs messages textes avec son complice et ancien amoureux Soninder Dhingra, qui lui était en contact avec un autre complice, Grégory Singh. Sept minutes après le début de son quart, à 14h07, la voiture remplie de cocaïne arrive à la guérite de Stéfanie McClelland. Or, celle-ci était surveillée par les policiers qui avaient eu vent d'un tel complot.

Même si les deux occupants du véhicule, Grégory Singh et Ariane Desgroseillers Lafrance n'avaient pas de carte Nexus et que leur véhicule devait obligatoirement être fouillé, la douanière avait laissé entrer ses complices au Québec en «à peine 36 secondes». Les policiers avaient ensuite intercepté la voiture sur l'autoroute 15 et avaient saisi quatre sacs de sport rempli de 182 kilos de cocaïne. Décidément sûrs de leur coup, les trafiquants n'avaient même pas pris la peine de cacher la marchandise, note le juge.

«Que ce soit pour complaisance, aveuglement volontaire ou complicité directe, les trafiquants savaient qu'ils pouvaient se présenter à la guérite de l'accusée et qu'ils ne seraient pas inquiétés. Seule l'intervention policière au fait d'une importation imminente a contrecarré leur plan et procédé à leur arrestation», écrit le juge André Vincent dans sa décision rendue mardi matin au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.

Stéfanie McClelland avait été reconnu coupable de contrebande, d'importation de cocaïne et d'abus de confiance au terme de son procès devant jury le 19 mai dernier. La poursuite demandait 15 ans de prison pour l'ex-douanière en raison des «facteurs de dissuasion, réprobation et prévention», alors que la défense demandait une peine de cinq ans pour favoriser sa réinsertion. Stéfanie McClelland, 40 ans, soutenait avoir fait l'objet d'une manipulation de la part de Soninder Dhingra et de s'être fait, « joué dans son dos».

Nature dangereuse de la drogue en quantité importante, facilité déconcertante pour introduire la drogue au pays, complicité évidente de la douanière : le juge Vincent a fait peu de cas des facteurs atténuants en raison des nombreux facteurs aggravants. « [Elle a] rompu le serment qu'elle avait prêté en tant qu'agent de la paix responsable de la sécurité des citoyens de notre pays en appliquant la loi et en s'assurant que des substances illégales d'entrent pas au pays. Cet abus de confiance dans l'exercice de la fonction d'agent frontalier est la principale raison pour laquelle on a pu si aisément faire pénétrer ces substances au Canada», soutient le juge André Vincent.

Fait à noter, la preuve ne démontre pas que l'ex-douanière avait reçu ou devait recevoir une récompense pour son rôle dans ce crime. « S'agit-il, comme elle le mentionne, d'une manipulation orchestrée par Soninder Dhingra ou d'autres motifs qui ont conduit aux actes et omissions de la contrevenante? Le Tribunal l'ignore», affirme le juge de la Cour supérieure.

Le conducteur du véhicule, Gregory Singh, a écopé de neuf ans de pénitencier en septembre dernier. La passagère, Ariane Desgroseillers Lafrance, s'est vue imposer une peine de quatre ans de pénitencier en janvier 2017. Soninder Dhingra, un résidant de L'Île-Bizard, n'a pas été accusé dans cette affaire. Il est toutefois en attente de procès dans une autre affaire de trafic de stupéfiants lié à la mafia montréalaise en 2014.