À 18 ans, c'était leur première expérience en tant qu'escortes. Elles se sont rendues ensemble chez un client qui demandait «deux filles». L'affaire a vite tourné à la catastrophe, et l'une a pensé que sa dernière heure était venue, vu la violence de l'individu.

C'est ce qui se dégage des témoignages que deux jeunes femmes, âgées maintenant de 21 ans, ont livrés hier au procès d'Erich Shimon Chemama. L'homme est accusé d'agressions sexuelles, de menaces et de séquestration à l'endroit de trois prostituées, pour des faits qui se seraient produits entre octobre 2009 et novembre 2010. Hier, les deux jeunes femmes ont raconté que c'est le chauffeur de l'agence qui les avait amenées chez ce client, dans une tour d'habitation à Saint-Laurent, le soir du 24 novembre 2010. Le chauffeur a frappé à la porte de l'appartement, car il devait percevoir l'argent avant que le travail soit exécuté. Il était environ 23 h. Malgré tout, l'homme qui a ouvert portait des lunettes de soleil, et il faisait sombre dans l'appartement. Le client a choisi une des deux filles, et l'autre est restée à l'extérieur, dans le corridor.

Celle qui est entrée a raconté que l'homme lui avait demandé d'enlever ses bottes et de se déshabiller. Ils se sont retrouvés sur le divan du salon. Elle a voulu expliquer ce qu'elle ne «désirait pas faire», mais l'homme ne voulait rien entendre et est devenu violent, a-t-elle dit. Il refusait d'utiliser un condom et a enfilé des gants de plastique noirs. Il lui a levé brusquement les jambes.

«J'ai dit: «Wow, on relaxe.» Il m'a dit: «Tais-toi. Tu me laisses faire ce que je veux.» Il m'a prise par le cou et m'a dit: «Si tu ne te tais pas, je te tue. Je te mets dans un sac-poubelle. Tu ne me connais pas. Si tu cries, je te casse la mâchoire et personne ne t'entendra.» Il me traitait de noms. Il a essayé de m'étouffer, j'ai crié: «Lâche-moi, laisse-moi partir»", a raconté la jeune femme.

À un certain moment, une femme âgée est apparue dans l'appartement. «J'ai demandé: «C'est ta mère?» Il m'a dit: «Laisse faire», a relaté le témoin.

Du secours

Pendant ce temps, l'amie qui était restée à l'extérieur avait appelé la police, en raison des cris de sa copine. Elle était aussi allée prévenir le chauffeur, qui attendait dans sa voiture. Celui-ci s'est précipité à l'appartement, avec le concierge de l'immeuble. Le procès devant jury, qui a commencé la semaine dernière, se poursuit aujourd'hui, contre vents et marées. Ceci en raison de l'attitude souvent déréglée de l'accusé, qui oblige le juge à l'envoyer dans une pièce adjacente. Hier matin, M. Chemama a brisé un écouteur qui lui permettait de suivre son procès, et il s'est plaint ensuite qu'il ne pouvait participer au procès.

En après-midi, il était un peu plus calme et est revenu dans la salle d'audience. Un juré a été renvoyé, hier, et le procès se poursuit à onze. Me Matthew Ferguson représente la Couronne, tandis que Me François Berrichon agit comme ami de la cour.

Erich Shimon Chemama a subi son procès devant jury pour des agressions contre trois prostituées. L'accusé se défend seul, mais un ami de la cour, Me François Berrichon, est présent. L'attitude déréglée de l'accusé fait en sorte que le juge Jean-François Buffoni doit souvent l'envoyer dans une autre pièce pour assurer la bonne marche du procès. M. Chemama interrompt souvent l'audience et ne cesse de répéter au jury qu'il n'a pas d'avocat, et que Me Berrichon n'est pas son avocat.