Une travailleuse sociale a été reconnue coupable par son ordre professionnel d'avoir publié sur Facebook des messages détaillant les déboires financiers d'un client, puis d'avoir embauché ce dernier pour exécuter des travaux paysagers en échange de ses services. Linda Shendall-Kalman s'en est tirée sans période de radiation, mais a écopé d'une amende de 6500 $ et d'une réprimande.

La travailleuse sociale d'expérience a commis cinq manquements disciplinaires « objectivement graves » qui dénotent une « incompréhension » des limites encadrant l'exercice de sa profession, tranche le conseil de discipline de l'Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec dans une décision rendue le 10 juillet dernier.

À l'automne 2013, Linda Shendall-Kalman offrait ses services en pratique privée à un client, dont l'identité est protégée. Celui-ci souffrait alors d'une dépression majeure et vivait des problèmes importants avec son ex-conjointe et son père. Accablé par des problèmes financiers liés à son entreprise, il a accepté de payer la travailleuse sociale en échange de ses services d'aménagement paysager et de déneigement à la résidence personnelle de Mme Shendall-Kalman.

« En acceptant de conclure une entente de paiement de cette nature, la travailleuse sociale se place en situation à haut risque de confusion des limites encadrant les activités de sa vie privée avec celles relevant de sa vie professionnelle. [...] [Elle risque] ainsi de perdre son indépendance en raison du bénéfice personnel attendu, et ce, bien que l'entente soit intervenue de consentement », estime le conseil.

En décembre 2013, Linda Shendall-Kalman a publié deux commentaires sur Facebook concernant les difficultés financières de l'entreprise de ce même client. Pour « décourage[r] au surplus les lecteurs d'intenter des poursuites contre lui », elle a raconté que son client avait déjà cédé des biens à une entreprise en difficulté. Selon le conseil de discipline, Linda Shendall-Kalman a « outrepass[é] les limites inhérentes » à leur relation professionnelle en rendant publiques de telles informations confidentielles.

Le conseil a également jugé que la travailleuse sociale avait manqué de professionnalisme en utilisant des expressions « inappropriées » dans leurs échanges professionnels de messages textes, telles « Get your butt here [Ramène ton derrière ici] » ou « Give her enough rope, she will hang herself [Donne-lui assez de corde, elle se pendra] ». « [Cette] troisième infraction illustre la difficulté de la travailleuse sociale à distinguer les comportements acceptables dans l'exercice de sa profession de ceux qui le sont dans la sphère de sa vie privée », écrit le conseil.

En plus d'avoir à payer des amendes de 6500 $, Linda Shendall-Kalman devra suivre un stage supervisé de 36 heures auprès de six clients, ainsi qu'une formation de perfectionnement de 28 heures. Jointe au téléphone cette semaine, Linda Shendall-Kalman a mis fin abruptement à la conversation et n'a pas répondu à nos courriels.