Le prêt de 10 millions de dollars accordé par Investissement Québec en décembre dernier à Groupe Capitales Médias pour aider le propriétaire de six quotidiens régionaux à mener sa transition numérique relève de «l'arbitraire le plus total et du favoritisme le plus flagrant», affirme Pierre Karl Péladeau. C'est pourquoi Québecor Média demande aux tribunaux d'annuler et d'invalider le décret du gouvernement Couillard à cet effet.

Le géant québécois des télécommunications a déposé ce mercredi une requête en Cour supérieure, indique Québecor dans un communiqué publié en fin d'après-midi. Québecor soutient que ce prêt de 10 millions de dollars a été octroyé de «façon discrétionnaire» et qu'il s'agit ainsi d'un «abus de pouvoir» du gouvernement en vertu de la Loi sur Investissement Québec. En plus d'être «illégale», cette décision crée un «dangereux précédent en démocratie au 21e siècle», indique le communiqué.

«Compte tenu de l'importance de maintenir l'indépendance des médias face au gouvernement, tout investissement de ce dernier afin de soutenir la presse écrite doit être exceptionnel, normé et appliqué de façon uniforme. Or, c'est tout le contraire que nous constatons ici. Le gouvernement a procédé, quelques mois à peine avant la prochaine campagne électorale, de manière abusive en accordant, à la pièce, sans que les critères ne soient établis et connus, une aide financière à un groupe de presse donné», a déclaré dans un communiqué le président et chef de la direction de Québecor Pierre Karl Péladeau. Ce dernier avait déjà critiqué l'octroi de ce prêt sur plusieurs tribunes cette année.

Groupe Capitales Médias, détenu par l'ex-ministre fédéral Martin Cauchon, produit six quotidiens régionaux: Le Soleil de Québec, Le Droit d'Ottawa, Le Quotidien de Saguenay, Le Nouvelliste de Trois-Rivières, La Tribune de Sherbrooke et La Voix de l'Est de Granby.

En décembre, la ministre de l'Économie Dominique Anglade avait défendu l'octroi de ce prêt à Groupe Capitales Médias. «Le Groupe Capitales Médias, ce sont 400 emplois dans les régions du Québec et sans notre aide, ils étaient menacés. Avant tout, nous prêtons à une entreprise», avait déclaré la ministre.