Guylaine Potvin a subi de multiples blessures et est finalement morte par strangulation, dans son appartement de Jonquière il y a près de 24 ans, a déclaré mardi une pathologiste judiciaire.
La docteure Caroline Tanguay comparaissait au procès de Marc-André Grenon, accusé de meurtre au premier degré et d’agression sexuelle grave. Les crimes ont été commis il y a près de 24 ans maintenant. Guylaine Potvin, une étudiante de 19 ans, avait été retrouvée morte en avril 2000 dans son appartement de Jonquière, aujourd’hui un arrondissement de Saguenay.
On a appris au début du procès devant jurés que l’accusé, qui a plaidé non coupable, avait été arrêté 22 ans après le crime, à Granby, après que l’ADN sur deux pailles qu’il avait jetées semblait correspondre à des preuves colligées sur la scène du crime en 2000.
Ce n’est pas la pathologiste judiciaire Tanguay qui avait pratiqué l’autopsie de la victime à l’époque. Mardi, elle a accompagné les jurés dans l’examen du rapport d’autopsie original. Le pathologiste avait conclu à l’époque que la victime était morte d’asphyxie à la suite d’une combinaison d’étranglement manuel et par ligature.
La docteure Tanguay a souligné mardi qu’on avait alors constaté sur le corps de l’étudiante un traumatisme contondant à la tête et aux épaules, une marque de morsure sur le sein gauche et des blessures autour du cou et des organes génitaux. Se référant au rapport d’autopsie original du pathologiste, à ses notes et à ses photos, la docteure Tanguay a conclu que la victime était morte d’une asphyxie par compression, apparemment une combinaison d’étranglement manuel et d’étranglement par ligature.
Le procureur Pierre-Alexandre Bernard a ensuite montré à la pathologiste une ceinture, la boucle cassée, qui avait été retrouvée près du corps de la victime. La docteure Tanguay a confirmé que cette ceinture aurait pu provoquer le genre de blessures notées à l’autopsie sur le cou de la victime.
La docteure Tanguay a rappelé aux jurés que le médecin légiste avait demandé à l’époque que des échantillons d’ADN – y compris des cheveux et des « sécrétions », qui pourraient être des fluides corporels – soient prélevés sur plusieurs parties du corps de la victime, à des fins d’analyse.
La pathologiste judiciaire a déclaré mardi que la victime ne portait qu’un T-shirt lorsqu’on a retrouvé son corps. Par ailleurs, une empreinte sur sa main droite suggérait qu’une bague avait été récemment retirée.
Nouvelles techniques d’ADN
Le procès, qui a débuté la semaine dernière au palais de justice de Chicoutimi, devrait faire la lumière sur de nouvelles techniques de recherche ADN qui ont conduit les enquêteurs à arrêter Grenon 22 ans après le meurtre.
Le procureur Bernard a déclaré que même si l’ADN masculin avait été découvert sur les lieux du crime en 2000, il n’y aurait eu à l’époque aucune correspondance dans la base de données de la police. Il n’y avait pas non plus de témoin du crime.
Le suspect a finalement été retracé 22 ans plus tard, lorsque la police a eu recours au nouveau « projet PatronYme », mené par le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec. Ce projet compare l’ADN aux noms de famille masculins, a expliqué la Couronne la semaine dernière.
Plus tôt cette semaine, on a appris au procès que les empreintes digitales partielles trouvées sur les lieux ne pouvaient pas être liées à l’accusé. De plus, l’empreinte de morsure trouvée sur le sein de la victime ne pouvait pas non plus être liée à Grenon, qui a reçu des soins dentaires depuis ce temps, ont convenu la défense et la poursuite dans une déclaration commune.
Le juge François Huot, de la Cour supérieure, a expliqué au jury que ces conclusions n’excluaient pas la possibilité que Grenon était sur les lieux du crime, mais elles ne pouvaient pas être utilisées pour l’incriminer.
Le contre-interrogatoire de la docteure Tanguay a débuté mardi après-midi, mais l’audience a été ajournée à mercredi, suite à des discussions entre les avocats et le juge.