Battue, étranglée, fouettée, tailladée, forcée de se prostituer : Caroline* a vécu un calvaire pendant cinq ans aux mains d’un proxénète violent. Son bourreau avait seulement 16 ans lorsqu’il a commencé à contrôler l’adolescente. Alejandro Perdomo Castro a été condamné à une peine pour adulte de sept ans de pénitencier.

Le Montréalais de 24 ans a plaidé coupable, à la fin d’août, à de nombreux chefs d’accusation, dont traite de personnes et proxénétisme d’une mineure. Même si Alejandro Perdomo Castro était aussi accusé comme adulte, les procédures judiciaires se sont déroulées en Chambre de la jeunesse, puisqu’il était encore adolescent au début des faits en 2016.

Nous pouvons maintenant donner son nom, puisqu’il a été assujetti à une peine pour adulte. Mais une ordonnance de la cour protège l’identité de la victime et nous empêche ainsi de donner certains détails du dossier.

Caroline, 16 ans, est en centre jeunesse lorsqu’elle rencontre Alejandro Perdomo Castro. Le garçon de 15 ans est possessif, méchant et violent. Déjà, à 16 ans, il frappe Caroline et lui demande de devenir escorte pour « faire de l’argent facile ». Elle refuse, mais finit par se prostituer à 17 ans, écœurée de se faire battre.

Le proxénète encore adolescent s’occupe de tout : créer les annonces, texter les clients, fixer les prix et payer le chauffeur. Il conserve tout l’argent. Caroline se prostitue trois fois par semaine pendant un mois et est amenée à consommer du speed par l’accusé.

La violence s’accentue. Alejandro Perdomo Castro bat l’adolescente « tout le temps », résume-t-elle. À ses 18 ans, Caroline réussit à sortir des griffes de son proxénète, mais devient escorte pour un autre. Elle finit par revenir sous le joug de l’accusé.

Battue avec une botte

Le courroux d’Alejandro Perdomo Castro est terrible. Furieux que Caroline soit partie, il lui brise le bras avec une botte le soir de son retour. Il la fait attendre deux jours avant d’aller à l’hôpital. Même avec un plâtre, elle continue de voir de nombreux « clients ». Alejandro Perdomo Castro s’occupe encore de tout. Il continue de battre régulièrement la jeune femme.

En mars 2017, le proxénète atteint ses 18 ans. Suivront trois années de violence, de contrôle et de prostitution forcée. Alejandro Perdomo Castro réalise son rêve : devenir « pimp ».

En 2019, il passe deux semaines à Toronto avec Caroline et une jeune fugueuse prise sous son aile. Mais le proxénète est fâché. Il juge n’avoir pas fait assez d’argent pendant le séjour. Il s’en prend alors violemment à Caroline et menace de la tuer. À une autre occasion, il lui coupe les cheveux et la bat pendant des heures, mécontent qu’elle ait demandé d’aller à une fête d’amie.

Caroline réussit finalement à s’éloigner de son bourreau pendant quelques mois, mais retourne sous son emprise lorsque Alejandro Perdomo Castro menace de tuer la grand-mère de la jeune femme. Au retour de celle-ci, le proxénète lui crache au visage. Elle recommence à travailler, effrayée qu’il la tue ou s’en prenne à ses proches.

À l’été 2020, Alejandro Perdomo Castro loue un appartement à Toronto sur Airbnb, près de la tour du CN, pour faire « travailler » Caroline. Alejandro Perdomo Castro se déchaîne : il la fouette avec un chargeur, la coupe avec un couteau et l’étrangle. Elle le supplie d’arrêter, mais il continue. Caroline est battue si sévèrement qu’elle travaille à peine.

De retour à Montréal, Caroline travaille maintenant pour une agence et remet entre 200 $ et 1000 $ par jour à l’accusé. La jeune femme travaille sept jours sur sept pendant des mois. Le magot est important. Sans travail officiel, Alejandro Perdomo Castro se vante à son entourage que « son emploi, c’est être un pimp ».

C’est en janvier 2021 que Caroline trouve le courage de porter plainte à la police. Alejandro Perdomo Castro la menace ensuite au téléphone qu’elle va le regretter à son retour. Quelques jours plus tard, le jeune proxénète est arrêté. Ça fait donc deux ans et demi qu’il est incarcéré.

« Considérant toutes les particularités et la complexité de ces dossiers, nous sommes très contents du dénouement final. La victime peut enfin tourner la page et passer à un chapitre de sa vie plus heureux et serein », a commenté la procureure de la Couronne MPatricia Denis.

*Nom fictif

Rectificatif
Dans une version précédente, nous écrivions que la victime avait été agressée sexuellement par l’accusé. Toutefois, il ne s’agit pas d’un fait qui a été reconnu par l’accusé lors de sa reconnaissance de culpabilité.